Changer sa perception de l’accessibilité

Au Québec, depuis plus d’un an, le gouvernement québécois a passé une loi qui demande à tous les sites web publics et para-publics d’être accessibles. Certains ont vite compris l’opportunité qui se présente à eux. Alors que des millions de dollars sont en jeu, beaucoup continuent de dénigrer l’accessibilité. Pour eux, c’est seulement bénéfique aux aveugles, ça empêche de laisser place à leur créativité à cause des ratios de couleur, etc.

Bénéfique à tous

Un aspect de l’accessibilité, c’est la robustesse. C’est-à-dire que votre site devra être beau, compréhensible et perceptible peu importe la situation. Donc, lorsque vous faites de l’amélioration progressive, du « responsive design » ou du « markup » valide, vous faites de l’accessibilité. La seule différence, c’est qu’il y a un guide pour valider le résultat. Pour nous, au Québec, c’est le SGQRI-008, la norme gouvernementale.

Les normes sont bâties pour les personnes ayant des déficiences motrices, visuelles, cognitives ou autres. Même si vous n’avez aucun problème à naviguer sur le web, parfois, vous serez dans une situation où une de vos facultés sera affaiblie. Par exemple, lorsque vous lisez un article sur votre mobile dans le métro ou l’autobus ou devant la télévision. Vous serez fort probablement déconcentré plus d’une fois par votre environnement. Grâce à une bonne structure de titre et des paragraphes, vous pourrez reprendre la lecture rapidement.

Un défi

Côté code, il faut remettre vos méthodes de travail en question. La plus grande difficulté est de fournir une solution uniforme dont tout le monde pourra profiter. Si vous commencez à programmer systématiquement une solution alternative pour respecter les règles de l’accessibilité, vous passerez à côté d’un défi qui changera votre perception de l’intégration.

Vous devrez fournir le meilleur de vous-même pour parvenir à un résultat qui comblera l’expert en accessibilité et le designer. Pratiquement rien n’est impossible, voyez l’accessibilité comme une réponse à vos interrogations plutôt qu’une contrainte.

Une preuve de créativité

Pour les designers, l’accessibilité n’est généralement pas bien perçue. Pour eux, c’est une limite à leur créativité. Le taux de contraste minimum entre la couleur d’avant-plan et celle d’arrière-plan est l’élément qui les affecte le plus. En respectant le taux de contraste du WCAG 2.0 AA, il reste encore suffisamment de couleurs pour travailler. L’accessibilité n’empêche pas les designs originaux, par contre elle permet de mettre un frein aux mauvaises idées. Un texte jaune sur fond vert lime, personne ne peut lire cela sans problèmes, daltonien ou pas.


L’accessibilité nécessite un grand changement dans votre entreprise. Ce n’est pas seulement la job de l’intégrateur web, c’est un travail d’équipe qui influencera tout la chaîne de production. Le travail commencera par vous-même, il faut avoir un changement de mentalité et percevoir les bonnes choses que l’accessibilité pourra vous apporter. N’oubliez pas non plus d’éduquer votre client : il devra comprendre tout autant que vous les avantages comme les désavantages d’un site web accessible. L’accessibilité fera ressortir le meilleur de votre travail, elle séparera les grands des petits. Pour une première fois, la qualité de votre travail sera jugée, et au Québec c’est maintenant une loi !

6 commentaires sur cet article

  1. Philippe Bonneau, le mardi 4 décembre 2012 à 17:19

    Dany Turcotte qui écris un article sur l’accessibilité… Wow ! Je n’aurais jamais dit ça il y a quelques années dans la classe de design où on en parlait au Collège de Maisonneuve…

    Bravo Dany ! Continue !

    Art Vie Design !

    Philippe

  2. Kévin, le mardi 4 décembre 2012 à 22:23

    Dire que trop de designers croient toujours que typo sur le web c’est Arial 12px/1.2, franchement même les personnes comme moi ayant une déficience visuelle carrément minimale passent leurs chemins sur des caisses de texte mal formaté, si ça c’est pas un problème pour la conversion. D’autant plus que le web est 99% typo. Et sans compter la proportion de personnes avec des lunettes ou encore âgés qui est considérable.

    Aussi, un problème fréquent est comment faire comprendre à un designer venant de l’édition que la courbe d’adaptation au règles de l’accessibilité web apporte énormément sans pour autant te bridé ? Si tant est que tu ne les vois pas comme des barrières mais partie intégrante de ton process, de là, ça devient juste naturel et n’entache pas la créativité.

    Mais le design inclusif n’est-il pas une solution viable aux problèmes courant d’accessibilité ?

    Ça reste mon avis, mais en France, les règles d’accessibilité institutionnelles sont souvent approximatives, personnellement, je me base sur des standards comme WCAG par exemple.

  3. MoOx, le mardi 4 décembre 2012 à 22:32

    … D’ailleurs les commentaires gagneraient en lisibilité si l’interligne était un peu plus grand :p

  4. Danny Turcotte, le mercredi 5 décembre 2012 à 00:00

    @Philippe Bonneau Merci ! Le concept d’accessibilité est assez difficile à comprendre dès nos premiers pas avec le web. C’est tout un défi de faire comprendre aux étudiants l’importance d’appliquer ces principes.

    @Kévin Bien d’accord avec toi. Le SGQRI-008 au Québec est basé sur plusieurs règles à différents niveaux du WCAG 2.0.

    Au niveau du design, pour le grossissement de texte à 200%, il manque une media query pour le CSS concernant la grosseur du texte. On pourrait facilement faire basculer l’usager en mode « mobile ». Les designs pour le mobile sont souvent plus adaptés pour les grosses polices.

  5. Kévin, le mercredi 5 décembre 2012 à 20:43

    Je suis d’accord que les sites mobiles sont plus adaptés au grandes polices car souvent il focalisent sur l’essentiel. On a moins de place, alors on supprime ce qui est superflu. Peut-être pourrait-on considérer le processus inverse, si un élément graphique n’est pas indispensable sur les mobiles, l’est-il vraiment sur grand écran ?

    Si on crée des interfaces plus minimales, qui se concentrent sur ce qui importe vraiment, ça laisse plus de place à la typo pour s’expimer, du même coup élimine de la distraction et de la complexité, donc on arrive à des interfaces plus efficaces et accessibles.

  6. tetue, le jeudi 27 décembre 2012 à 18:14

    Bien dit ! Merci pour cet article simple et efficace, qui pointe les implications dans une équipe de la prise en compte de l’accessibilité numérique. J’aime bien l’idée que ce soit un défi côté code mais aussi une preuve de créativité : « L’art vit de contraintes et meurt de liberté ».