Au-delà des heures : la semaine de 4 jours comme levier d’égalité

Je vis avec une maladie chronique et la semaine de quatre jours m’a enlevé une épine du pied. Aujourd’hui, je fais le pari que cela te serait bénéfique aussi !

Et attention, pas juste pour toi, car j’aimerais te faire découvrir comment la semaine de quatre jours peut diminuer les inégalités et rendre nos entreprises plus inclusives.

Je t’embarque avec moi ?

Petit retour en arrière, avril 2023, je change d’entreprise… En réalité, je suis épuisée.

Je sais que nous sommes beaucoup à vivre cette situation et je vois surtout que cet épuisement professionnel peut revenir par cycle.

Alors je décide de voir le travail autrement et j’embarque dans une boîte à la semaine de quatre jours (S4). Pour rappel, cela signifie travailler quatre jours par semaine en gardant un salaire complet (et, suivant les entreprises, en diminuant le temps de travail).

Une réduction du temps de travail, un salaire complet, plus de temps pour moi, pour mon suivi médical aussi, et surtout je vise un meilleur équilibre. Je veux sortir de la boucle.

Nous sommes en mai et j’embarque ! Au début ça fait bizarre j’avoue, je ne sais plus quel jour on est du fait d’avoir une pause dans la semaine. Au bout de quelques mois, je me rends compte… C’est la révélation !

Je dois vous préciser une chose : je vis avec une maladie chronique qui peut créer énormément de douleurs, toucher plusieurs organes et qui ne prévient pas toujours d’une crise potentielle. Pour limiter son impact, j’ai deux ou trois rendez-vous médicaux par mois. Cela prend du temps et de la charge mentale.

Alors, pour en revenir à ma révélation, je suis off en général le mercredi et je peux bouger mon jour, alors parfois c’est le vendredi. Quel soulagement de pouvoir bouger ce jour en cas de douleurs ou de crise ! Et pour placer mes rendez-vous, je n’ai plus à courir le midi ou tôt le matin, quel soulagement. Et puis je peux dormir, soyons honnête, dormir c’est trop bien. Je peux aussi avoir du temps pour moi, pour mes projets à côté et surtout sortir la tête des missions. Je suis beaucoup plus au clair les autres jours de travail.

Cela signe le début de ma réflexion. Si la semaine de quatre jours m’apporte autant, comment ce format pourrait-il apporter aux autres ?

Me voilà lancée dans une étude complète : je récolte des articles de recherche et je mets en place des interviews de personnes qui travaillent au rythme de la S4, d’autres qui sont passées au quatre cinquièmes ainsi que des directeurs et directrices ressources humaines et dirigeant·es d’entreprises pratiquant la semaine de quatre jours.

Tout ce travail a donné vie à une conférence ; encore mieux, elle a été la keynote d’ouverture d’Agile Montpellier cette année ! Je n’aurais jamais imaginé ça. Maintenant, je tente de partager ces éléments autant que possible.

Allez j’arrête le suspense, je te présente les résultats en trois étapes

Étape 1 – La S4 apporte à tous et toutes

Équilibre de vie et rythme soutenable : la S4 nous permet d’avoir un meilleur équilibre pro/perso, avec une meilleure répartition. Moins d’heures par semaine c’est plus de temps pour s’occuper de soi, de chez soi, de son équilibre. Allons vers un rythme plus soutenable.

Projet perso : dans les interviews, beaucoup de personnes m’ont parlé de sens. Oui, notre travail nous donne du sens, mais cela ne veut pas dire qu’il donne tout le sens de notre vie. Pour des personnes il s’agit de passer plus de temps avec sa famille, ses enfants, ses ami·es ou de développer des projets personnels.

Santé : la semaine de quatre jours agit aussi sur notre santé. Bien sûr, cela nous laisse plus de temps pour pratiquer du sport, pour mieux manger… Les études montrent également que cela nous permet d’avoir un meilleur sommeil1 et l’étude faite par le Boston College2 fait ressortir une baisse du nombre d’arrêts maladie de 65 %.

Énergie pour s’investir : enfin, énormément de personne utilisent ce temps pour s’investir dans des associations, que ce soit pour l’environnement ou le social.

Étape 2 – La semaine de quatre jours est un levier pour plus d’égalité et d’inclusion

Pour te parler de ce sujet, je te (re)présente la roue des privilèges3. Il s’agit d’un outil qui permet de prendre conscience des différents privilèges (bien sûr cet outil est en constante évolution), ainsi que des discriminations qui peuvent être vécues. Pour chaque catégorie, plus tu es au centre plus tu as des privilèges, et plus tu es vers l’extérieur, plus tu es susceptible de vivre des inégalités. Tu peux faire ton test ici.

Baisse des inégalités femmes/hommes

En France, une femme sur quatre est aux « quatre cinquièmes » et au moment de l’arrivée d’un premier enfant c’est une femme sur deux qui passe à 80 %. Du côté des hommes, ils sont moins d’un sur dix à passer sur ce rythme4.

Les conséquences sont directes :

  • Salariales : avec une baisse de 20% du salaire alors qu’il existe déjà une disparité entre les hommes et les femmes.
  • Dans la répartition des tâches : les femmes prennent les tâches non rémunérées sur ce jour, s’occuper des enfants, de la maison, des courses, de la cuisine…

La mise en place de la semaine de quatre jours permet, d’une part, de réduire la différence de salaires mais permet également une meilleure répartition des tâches. Les entreprises observent que les pères vont plus souvent chercher leurs enfants et les témoignages vont également dans le sens où dans les couples (hétéros je précise), la répartition des tâches se fait beaucoup mieux tout en profitant pleinement du week-end.

Baisse des inégalités liées à la santé physique ou mentale

En France, 35 % de la population vit avec une maladie chronique ; cela représente vingt millions de personnes. Du côté de la santé mentale, une personne sur cinq prend un traitement pour une maladie psychique.

Pour toutes ces personnes, ainsi que les personnes qui ont un handicap ou les personnes aidantes, avoir ce jour non travaillé permet de placer des rendez-vous médicaux, de diminuer la charge mentale et de se reposer. Car oui, ces conditions augmentent la fatigue et l’anxiété. Et n’oublions pas que parmi toutes ces personnes, pas toutes peuvent se permettre de perdre 20 % de leur salaire pour faire cela.

La semaine de quatre jours permet d’améliorer d’autres parties de la roue des privilèges

  • Accès à des diplômes : j’ai tenté l’expérience de faire un master de plus d’un an en parallèle d’un CDI et je n’ai pas d’enfant à charge. Une année sans vacances ni week-ends, je ne recommande pas. La S4 permet d’avoir le temps de reprendre des études et d’accéder à des diplômes plus élevés. De même, côté langues, cela permet de pouvoir en apprendre une nouvelle.
  • Citoyenneté : dans les interviews plusieurs personnes sont arrivées en France pour des études ou n’ont pas la nationalité française, cela demande du temps de renouveler des papiers ou d’apprendre une nouvelle culture, de comprendre ses droits mais aussi de connaitre des personnes. Beaucoup ne peuvent pas se permettre de gagner moins pour faire cela.
  • Accès à la propriété : ça c’était une surprise pour moi dans les interviews, non seulement les personnes peuvent se permettre de choisir un logement un peu plus loin de leur lieu de travail et donc moins cher, mais également se rendre disponibles très rapidement pour visiter des logements surtout dans les zones tendues. Une personne m’a même confié qu’elle a réussi à avoir sa maison comme ça pour un achat, premier disponible, premier pour la vente.
  • Richesse : et oui, cela permet de garder un salaire complet et, pour les personnes qui cumulent déjà deux emplois, de ne pas le faire sur la nuit par exemple. Mais également accéder à des services moins chers car à d’autres horaires comme pour la culture ou certains sports en salle.

Étape 3 – Je t’ai assez convaincu·e pour passer à l’action ?

On vient de le voir, la S4 est un avantage pour tous et toutes et cela même pour les entreprises. Cette partie c’est pour si tu as besoin d’arguments ;)

Focus rapide : avantage pour les entreprises

  • Attirer les talents : les entreprises qui passent aujourd’hui à la S4 se démarquent et peuvent choisir leurs talents. Ce ne sont pas les candidatures qui manquent.
  • L’étude du Boston College citée plus haut montre une chute du turn-over de 57 % et une baisse impressionnante de l’épuisement professionnel de 71 %2.
  • Et côté performances/rentabilité ? Eh bien il n’y a pas de baisse constatée, c’est même l’inverse avec une hausse de la rentabilité de 1,4 %2.

Alors comment on met ça en place ?

Aujourd’hui, j’accompagne des entreprises à passer à la S4 et je te présente les quatre étapes qui me paraissent essentielles pour cela.

  1. Demandez-vous pourquoi, qu’est-ce qui vous pousse à passer à la S4 ? Les raisons sont différentes d’une entreprise à une autre. Ensuite faites un 360 de votre entreprise et votre secteur, quelles sont vos contraintes, les risques, les opportunités…
  2. Communiquez ! C’est important de ne pas faire cette réflexion en solo ; impliquez des personnes de votre entreprise, leurs visions, leurs peurs, leurs souhaits, prenez tout en compte et, bien sûr, leurs idées. Cela permet d’éviter les angles morts
  3. Il est temps de créer un cadre de test. Créez une équipe dédiée ou faites-vous accompagner. Car attention, il y a aussi des risques avec un cadre de S4 inadapté. Si c’est pour épuiser vos collaborateurs et collaboratrices en quatre jours, c’est perdu ! Alors pour votre phase de test, créez le bon cadre, les bons rôles et un temps/lieu pour faire l’expérience.
  4. C’est le moment de faire le test. Mise en place avec toute la conduite du changement que cela implique et surtout le suivi de vos indicateurs pertinents afin de voir si le cadre est adapté. À la fin du test, faites le choix de continuer ou non et surtout n’oubliez pas que vous pouvez faire évoluer le format. Il existe plein de formules de semaines de quatre jours différentes. (Je vous donne un site qui les liste juste ici.)

Les dirigeants et dirigeantes qui voulaient le faire l’ont fait alors maintenant c’est à nous d’impulser ces sujets et changements !

Que ce soit avec la semaine de quatre jours ou toute autre action permettant plus d’égalité et d’inclusion, je te propose d’agir à ton niveau.

Et pour ça, j’ai une proposition à te faire !

—> Définis ton petit pas, la première petite action que tu peux faire pour aller vers plus d’égalité et d’inclusion.

D’ailleurs plus de quatre cents personnes l’ont déjà fait : regarde !

Sur un grand panneau à l'Agile Tour, des centaines de post-its posés par des particpants qui ont effectué un "petit pas" vers la semaine de quatre jours.

En keynote et en conférence, des centaines de personnes se sont engagées sur des petites actions à mettre en place.

Maintenant imagine… Imagine l’impact de centaines de petits pas effectués !

Je te laisse avec cette image et cette belle sensation.

Et si tu veux en savoir plus, la keynote est en ligne ici : https://albane-veyron.wixsite.com/presentation

Ou peut-être directement en conférence ou dans un prochain événement d’entreprise. N’hésite pas à me contacter si tu as des questions.

Et pour les sources c’est là :

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