Osez prendre la parole en conférence

La boule au ventre, des sueurs froides, la nausée qui arrive, l’impossibilité de rester en place : tous ces symptômes sont fréquents lorsque l’on est orateurice, ou lorsque l’on envisage de le devenir. Car oui, nous pouvons toutes et tous être d’excellentes conférencières ou conférenciers.

Mais ce n’est possible qu’à une seule condition : il faut oser prendre la parole et monter sur scène !

Sur ce point, nous en sommes toutes et tous capables, et surtout nous devrions toutes et tous le faire au moins une fois, surtout qu’ici, lors des 24 Jours de Web, nous sommes habitué·es au partage dans la communauté Web.

Mon expérience personnelle

Pour vous donner envie, quoi de mieux que de parler de ma propre expérience. Quand j’étais petit, j’étais plutôt bon en classe, mais timide dès qu’il s’agissait de parler devant un auditoire (je pense comme beaucoup d’entre nous).

Je me suis lancé dans le web, et plus particulièrement dans le référencement naturel de WordPress, à partir de 2008. Rien ne me destinait à être orateur et ce n’était pas du tout une volonté de ma part. Mais en 2011 une personne de l’association SEOCAMP m’a contacté en me disant : « Cela te tente de faire une conférence de quinze minutes sur le référencement de WordPress lors du prochain SEO CAMP’us de Nantes ? » J’ai dit oui et cela a été sans doute la pire conférence que j’ai pu donner…

Pourtant, j’ai adoré l’exercice et cela a boosté mon estime personnelle, mes compétences en communication et la maîtrise de mon propre métier, jusqu’à même avoir la chance de donner moi-même un TEDx (« Comment les moteurs de recherche nous manipulent ? »).

Cela n’est qu’un exemple, car nous sommes tous capables de devenir d’excellents orateurs et oratrices. Voyons ensemble pourquoi et comment faire !

Pourquoi prendre la parole en public ?

C’est sans doute la première question à se poser : pour quelles raisons devrais-je monter sur scène ? D’ailleurs, de façon plus générale, pourquoi certaines personnes osent, et d’autres ne le feront jamais ?

Mon objectif ici est simple : vous convaincre de devenir orateurice et vous donner des conseils pour y parvenir facilement.

Un défi pour vous-même

C’est avant tout pour vous que vous devez le faire. La prise de parole en public est loin d’être innée et demande pour tout à chacun de devoir faire un travail sur soi-même.

Dessin d'un orateur stressé avant de monter sur scène sur le sujet de la gestion du trac
Croquis par Bearboz

C’est un réel défi qui permet de se dépasser, mais le jeu en vaut la chandelle. Toutes les personnes que j’ai pu croiser et qui ont passé le cap de la prise de parole en public sont unanimes : c’était une expérience passionnante, captivante et formatrice. Certaines oratrices et orateurs le deviennent même de manière récurrente (moi le premier), preuve que c’est un plaisir de partager avec un public sa passion ou son métier, sans compter l’impact que cela peut avoir sur l’estime de soi.

Monter en compétence

C’est une deuxième raison : prendre la parole devant un auditoire, quelle que soit la taille de ce dernier, vous fera toujours monter en compétence, peu importe le sujet traité.

D’abord, cela va améliorer votre éloquence, votre diction, votre charisme ou encore votre capacité de persuasion. Pour parler en public, il faut s’exprimer clairement, et c’est un atout que l’on utilise au quotidien dans sa vie professionnelle.

Dans le même temps, vous allez monter en compétence sur le sujet traité. Car la vraie difficulté de la prise de parole en public c’est de pouvoir être compréhensible par tous. Cela vous forcera donc à revenir aux fondamentaux de votre thématique, à structurer votre pensée et à être capable de transmettre un message clair. Si certains ou certaines d’entre vous sont formateurices ou font du conseil client, croyez-moi, cela vous aidera énormément dans votre carrière.

Trouver un job, des clients et des partenaires

Troisième raison, cette visibilité peut aussi vous permettre de travailler : cela vous permettra notamment de trouver d’éventuels clients, partenaires, employeurs ou prestataires pour vos différents besoins et pour les évolutions de votre vie professionnelle.

Ce n’est pas tout le temps le cas, et cela ne doit pas être la raison première d’une prise de parole publique, mais cela y contribue.

Aider et faire vivre la communauté

Dernière raison qui devrait toutes et tous nous pousser à monter sur scène : partager avec sa communauté. Imaginons que vous fassiez une conférence sur le CSS, sur le management ou encore sur la transition écologique, vous allez aider celleux qui vous écoutent à se former, à progresser ou à trouver de nouvelles idées.

Dans le numérique au sens large, le partage est justement ce qui a permis à nombre d’entre nous d’apprendre un métier. Dans mon secteur par exemple, une grande majorité des spécialistes du référencement n’ont jamais suivi de formation dédiée, mais se font formé·es en autodidactes, notamment via des conférences.

Bref, lancez-vous ! Et pour cela, allons au cœur du sujet : votre prochaine conférence.

Je n’ai rien à dire

Nous avons tous des choses à partager

Quand j’en parle autour de moi, la première chose que l’on a tendance à me dire est simple : je n’ai rien d’intéressant à partager. On se retrouve alors avec ce fameux syndrome de l’imposteur où l’on se dit que l’on n’a pas sa place sur scène.

Crevons donc l’abcès tout de suite : tout le monde a des choses à partager. D’abord, être conférencière ou conférencier n’implique pas forcément de l’être uniquement sur une thématique professionnelle. Rien ne vous empêche de trouver un sujet qui vous passionne pour en faire une conférence (c’est ainsi que j’ai donné une conférence sur le fait d’être daltonien, alors que cela n’a pas de lien direct avec mon métier).

Ensuite, nous avons tous tendance à penser qu’il faut être expert sur son sujet, et qu’il faut le maîtriser de bout en bout. C’est FAUX ! Un orateur ou une oratrice doit surtout traiter le sujet sur un aspect précis, en s’adaptant au public cible. Un·e orateurice débutant dans son métier peut être tout à fait parfaite pour aborder les bases de son métier ou de sa passion.

Si vous pensez le contraire, vous ne vous lancerez jamais. Et dites-vous que la plupart des orateurices que vous avez déjà écouté·es ne se seraient jamais lancé·es non plus.

Je ne serai pas à la hauteur pour parler

Le deuxième obstacle à passer, c’est de se dire que l’on ne serait pas une bonne oratrice ou un bon orateur.

Soyons honnête, sur ce sujet, tout le monde peut toujours faire mieux. Nous allons tous bafouiller, nous répéter ou parfois ne pas nous exprimer clairement. Cela n’a aucune importance. Ce qui intéresse le public, ce sont vos idées. Il n’est pas là pour aller voir un spectacle. Et lorsque je dis que tout le monde en est capable, c’est une vérité absolue.

Vous n’osez pas prendre la parole en public ? Dites-vous que des personnalités célèbres dans le monde n’ont pas eu le choix, malgré certains handicaps. Par exemple, Marilyn Monroe, Julia Roberts ou encore Noël Gallagher étaient bègues1. Le TEDX « Vous êtes bègues ? Moi non plus » est d’ailleurs un excellent exemple pour prouver que l’on peut tous être passionnants sur scène, à condition de se lancer !

La peur naturelle de se lancer

Le stress est normal

C’est un fait : les orateurs et oratrices sont tous soumises au stress. Chez certaines, cela sera le cas de manière importante, chez d’autres dans une moindre mesure. Mais honnêtement, je ne connais personne qui n’éprouve pas au moins un peu de stress avant de monter sur scène.

En soi, ce n’est pas grave. C’est justement là toute la beauté de l’exercice : savoir dominer sa peur naturelle et se surpasser. Sur ce point, nous en avons toutes et tous la capacité.

Vous allez vous tromper

En règle générale, c’est un point que personne d’entre nous n’aime : se tromper, bafouiller, ne pas être suffisamment clair, etc. Malheureusement, vous allez tous et toutes vous tromper en tant qu’orateurice.

C’est normal, et ce n’est pas grave. Personne n’est parfait et l’erreur est humaine. Nous avons tous et toutes déjà écouté une personne parler, et qui pourtant a buté sur un mot ou un concept et qui avait une partie de sa présentation moins pertinente ou moins limpide. Nous pouvons toujours faire mieux et l’essentiel de l’exercice oratoire n’est pas là.

Je commence par quoi ?

Trouvez un sujet qui vous passionne

C’est l’étape clé : une bonne prise de parole, c’est avant tout avec une personne qui aime le sujet qu’elle traite.

Que ce soit à titre personnel ou professionnel, si une thématique vous passionne, vous deviendrez facilement quelqu’un de captivant à écouter, quel que soit votre expérience sur la prise de parole en public.

Commencez petit

Second conseil, ne visez pas trop grand trop vite (même si cela peut réussir à certains d’entre vous). Commencez par des petites conférences, des webinaires ou encore des meetups.

Par exemple au niveau local où j’habite, nous avons régulièrement des meetups WordPress qui regroupent entre dix et trente personnes à chaque fois et qui sont donc le parfait moment pour se lancer la première fois devant un public.

Ne cherchez pas à en faire trop

C’est un conseil important : un bon orateur ou une bonne oratrice est une personne qui est avant tout naturelle. Ne cherchez pas à agir contre votre manière d’être, ni à copier/coller ce que font les autres à tout prix. Vous n’aurez pas le charisme naturel de certains orateurs et de certaines oratrices. Vous n’aurez pas non plus le même panache que certains discours célèbres, comme le fameux “I Have A Dream” de Martin Luther King ou, dans un registre différent, de deux passionnés de français sur la langue de Molière (« La faute à l’orthographe »).

À vouloir trop en faire, on va desservir notre sujet. À ce niveau-là,  il y a malheureusement beaucoup d’exemples de prestations scéniques ratées, comme la fameuse entrée en scène de Theressa May2

GIF animé de la danse de Theresa May
Les « célèbres » pas de danse de Theresa May.

Suivez les appels à orateurices

Enfin, suivez les appels à orateurices des conférences qui vous intéressent. La plupart d’entre elles lancent sur leurs sites ce qu’on appelle des CPF (“Call For Papers”) où n’importe qui peut proposer un ou plusieurs sujets.

Pour ma part, c’est ainsi que j’ai pu donner la plupart des mes conférences dans les communautés SEO ou WordPress.

Quelques conseils pour vous lancer sur scène

Maintenant, j’espère que vous avez compris que l’on est tous et toutes capables d’être sous les feux de la rampe. Nous ne serons pas la meilleure oratrice ou le meilleur orateur du monde, mais nous sommes toustes pertinent·es pour partager des idées. Voici donc maintenant quelques conseils pour que cela se déroule au mieux.

Structurer sa pensée

C’est le point clé : une bonne conférence, peu importe le sujet, la durée ou le format, est avant tout une conférence structurée. Demandez-vous :

  • Quelle est mon idée principale ?
  • Avec quelle information je voudrais que les gens repartent ?

L’objectif est simple : avoir un fil rouge pour toute la durée de votre intervention. Voyez cela comme le plan d’une dissertation : cela va aider le public à vous suivre, et vous-même à dérouler votre discours sans vous perdre.

Apprendre par cœur et répéter ?

Une question que l’on se pose : doit-on apprendre par cœur ou répéter sa conférence, même sur des sujets techniques ou sur des sujets que l’on maîtrise ? La réponse n’est jamais tranchée : cela dépend de vous.

Certaines personnes ont une vraie aisance ou une expérience sur ce type d’exercice et n’apprennent ni ne répètent jamais leurs prestations. D’autres vont avoir besoin de cela pour se rassurer et pour améliorer leur conférence. Agissez donc en fonction de votre propre ressenti.

Cela peut d’ailleurs vous aider pour la gestion du temps si votre conférence a une limite temporelle.

L’importance de l’introduction et de la conclusion

Autre conseil, faites surtout attention à votre introduction et à votre conclusion, car c’est ce qui fera entrer les auditeurices dans votre conférence d’une part, et ce qui restera dans leur tête au moment de partir d’autre part. En général, les deux sont des « accroches » qui auront pour objectif de captiver les spectateurices.

Dans les TEDx par exemple, l’introduction et la conclusion sont souvent apprises par cœur et ce n’est que plus tard, pendant le cours de la conférence, que l’orateurice se présente : ils ne viennent pas vous voir, ils viennent écouter un sujet.

Les aléas techniques

Dernier conseil, partez du principe que n’importe quel élément technique peut ne pas fonctionner : votre support de présentation, votre micro, votre télécommande, votre retour image, la connexion internet ou bien plus. Cela a déjà bloqué complètement certains orateurs. Michael Bay par exemple, lors de la présentation au CES 2014, a eu un problème de prompteur. Incapable de s’adapter, il a purement et simplement quitté la scène sans terminer son discours3.

Il faut au cours de votre préparation vous dire : qu’est ce que je ferai si tel élément ne fonctionne pas ?

Le seul conseil que je peux vous donner, c’est que cela peut nous arriver à toutes et tous. Si tel est le cas, ne paniquez pas. Vous pouvez même en rire avec le public ou parler de votre sujet de façon plus naturelle, sans forcément de support, de prompteur ou encore de retour visuel.

Des ressources ?

Parmi tout ce qui peut vous aider, la meilleure source d’inspiration sont les conférenciers et conférencières que vous aimez. Regardez comment ils font, leurs méthodes, leurs approches, leurs accroches et bien plus. Attention bien entendu à ne pas les copier et à rester naturel, mais cela peut vous donner d’excellentes idées.

Ensuite, je peux vous citer deux livres que j’apprécie sur ce sujet et qui peuvent vous aider à préparer votre prochaine prise de parole :

Conclusion

Nous sommes toutes et tous capables de monter sur scène.

Nous sommes toutes et tous intéressants si nous parlons de sujets qui nous passionnent.

Nous sommes toutes et tous de futurs orateurs et oratrices de talent.

Il ne reste plus qu’à sauter le pas. Lancez-vous !

1 commentaires sur cet article

  1. Moko, le dimanche 10 décembre 2023 à 09:10

    Un bon article
    Y’a plus qu’à trouver un sujet