Demain j’écris !

Je commence à rédiger cet article et déjà, je me dis que c’est mal parti. Je me dis que ça va être difficile de poser sur papier numérique mes pensées, que je n’ai aucune légitimité à rédiger ce genre d’article, que d’autres l’ont fait mieux que moi, que je n’ai aucun talent d’écriture et que toute la veille que je fais quotidiennement me permet d’apprendre suffisamment sans devoir répéter ce que d’autres m’ont appris. En clair, je n’en vois vraiment pas l’intérêt.

Et pourtant. Aujourd’hui, j’ai envie de me pencher sur la question de l’écriture et du partage des connaissances. Cette question que tout bon professionnel du web se pose lorsqu’il prend du recul sur son expérience. « Est-ce que je devrais créer un blog ? ». Puis, très vite, « Oui mais, qu’est-ce que je vais pouvoir apporter que les autres n’ont pas déjà fait ? » et « À quoi bon rédiger des choses qui ont déjà été dites depuis des mois, voire des années ? »

C’est vrai qu’on peut facilement penser que tout se trouve sur les forums d’Alsacréations, sur le Codex de WordPress ou sur Stack Overflow. C’est peut-être vrai. Nous vivons une époque où les connaissances se partagent comme des petits pains et où la question de l’apport personnel est légitime. Pour autant, vous et moi n’avons aucune idée de ce que les autres ne savent pas. Par exemple, peut-être que pour vous l’animation CSS n’a plus aucun secret et vous avez une opinion bien tranchée sur les pré/post-processeurs. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde, loin de là. Certains ne connaissent même pas ces termes. Pourquoi alors ne pas apporter votre point de vue sur ces problématiques qui vous sont familières et qui pourraient venir en aide à ceux qui ne les connaissent pas ou très peu ?

Ne préjugez de rien

Commencez par lister les sujets qui vous touchent et pour lesquels vous pensez pouvoir apporter quelque chose. Essayez de rester simple. N’ayez pas peur de ce que les autres penseront de votre article : il sera forcément lu, interprété, apprécié et jugé. Et si ce dernier point vous inquiète, il ne devrait pas, car on vous juge déjà au quotidien. À la façon dont vous vous habillez, à la musique que vous écoutez, au métro que vous prenez, au vélo que vous achetez, aux likes que vous distribuez, aux hashtags que vous utilisez. Tout se sait et surtout sur le web. Laissez donc tomber ce faux problème et commencez à partager votre expérience dans le domaine dans lequel vous êtes légitime : votre métier.

Naturellement, vous accumulez des connaissances tous les jours. Par les problématiques de responsive que vous tentez de résoudre ou encore par les dernières techniques de Photoshop ou de Sketch que vous avez dénichées.

Vous avez une approche personnelle de ces problématiques et de ces connaissances. Je suis persuadé qu’elle a de la valeur. Elle pourrait aider les nouveaux venus à apprendre plus rapidement et à mieux comprendre certaines pratiques difficiles à assimiler. Ou simplement les inciter à poser des questions et, ainsi, à lancer le débat. Ça paraît simple à première vue, mais ça permet de faire avancer les choses, pas à pas.

De cette façon, non seulement vous allez permettre à d’autres d’apprendre de nouvelles choses, mais vous allez, vous aussi, apprendre beaucoup des échanges qui vont naître suite à votre article. L’idée n’est donc pas seulement de partager vos connaissances à travers vos récits, mais aussi d’en accumuler davantage grâce au partage des expériences de la communauté.

Faut-il être reconnu par ses pairs pour être légitime ?

Lorsqu’on connaît très bien son métier et qu’on maîtrise les problématiques d’aujourd’hui, doit-on se sentir obligé d’exprimer et de diffuser son savoir ?

La réponse est, évidemment, non. On peut tout à fait exceller dans son métier sans avoir la moindre envie de partager ses connaissances. Mais on a tort. On a tort de ne pas le faire car on passe à côté de ce qui fait la force du web. Si vous êtes passionné par votre métier, vous avez tout à gagner à participer activement à sa remise en question et à son évolution.

Mais ne vous sentez pas obligé de vous lancer dans un billet massif et brut dès le départ, car il y a de fortes chances que vous n’y arriviez pas. Vous risquez de ne pas être à l’aise avec cet exercice délicat qu’est l’écriture. Vous pouvez commencer par des étapes plus faciles pour vous lancer. N’hésitez pas à contribuer aux commentaires des articles qui vous ont plu ou qui vous ont fait réagir. Vous avez également tout un tas d’outils pour vous exprimer : Codepen, Github, Stack Overflow, Twitter et j’en passe. Si vous avez envie d’aller plus loin mais que vous estimez que créer un blog est difficile, vous pouvez opter dans un premier temps pour des solutions en ligne telles que Tumblr, WordPress.com ou Medium.

Évitez les propos qui n’apportent rien. Soyez constructif, ne cherchez pas la reconnaissance mais apportez votre point de vue, dites ce que vous pensez avec humilité, n’essayez pas d’en faire des tonnes. Vous verrez alors que plus vous serez actif, plus vous aurez l’envie d’en dire et d’en faire plus. Vous y prendrez goût et vous sentirez le besoin de donner votre point de vue plus longuement.

J’écris donc je suis ?

Voilà cinq minutes que je vous lance mes arguments, tel un Hammer Bro surexcité. Et j’arrive à un stade où le nombre incalculable de relectures ainsi que les réécritures de certains passages commencent à semer le doute. Pour autant, j’ai pris un plaisir certain à rédiger cet article car le sujet me touche et m’inspire. Je sais à quel point il est difficile de se lancer et de s’exposer au regard et à la critique des autres, mais j’espère que ce billet vous permettra, comme c’est le cas pour moi, de vous motiver à écrire et à partager davantage. Car finalement, n’êtes-vous pas un peu ce que vous êtes grâce aux nombreux écrits qui ont nourri votre réflexion et votre expertise d’aujourd’hui ?

11 commentaires sur cet article

  1. Cyrille Jesmo Drazik, le vendredi 5 décembre 2014 à 08:51

    Joli billet. L’écriture est en effet un exercice très compliqué. J’ai ouvert un tumblr pour écrire de temps en temps et j’ai pu m’apercevoir que se lancer n’est vraiment pas simple.

    Mais il faut non pas se forcer a poster des billets souvent, mais essayer de garder cette envie de partager. Un point important (je pense) est de ne pas viser une fréquence de publication bien précise. Personnellement j’adopte le « quand j’ai le temps, un sujet et l’envie ». Ça fait pas des billets très souvent mais j’ai pas l’impression que mon blog est un poids pour moi comme ça.

    Merci pour ce billet.

  2. Naouak, le vendredi 5 décembre 2014 à 09:04

    Ça fait des années que je veux partager ma connaissance mais que je n’arrive pas à aligner les étoiles pour. Mon plus gros problème, trouver les sujets. Étant fullstack, on se retrouve à toucher à tout mais rien maitriser. Difficile de parler de quelque chose qu’on ne maitrise pas et de trouver le temps de la maitriser.

  3. PacYan, le vendredi 5 décembre 2014 à 09:31

    Merci Florentin.
    À titre personnel, ton article tombe vraiment, vraiment à pic. Et tu vois, j’applique de ce pas : je commence par un commentaire :). Allez, j’ai les manches déjà relevées et Scrivener en phase de test. yaplusqua !

  4. Marie Guillaumet, le vendredi 5 décembre 2014 à 10:08

    Superbe article, Flo !

    Je pense que, bien souvent, certains hésitent à franchir le cap, car ils estiment qu’il existe toujours plus fort et plus savant qu’eux, que leur parole ne sera qu’une goutte dans l’océan, et qu’il ne sert à rien de réinventer la roue.

    C’est pourquoi je conseillerais à quelqu’un qui hésite à écrire de commencer par un petit retour d’expérience personnel. Cela est toujours très intéressant à lire, car nous avons tous des expériences très différentes, même en faisant le même métier.

    En tout cas, moi, je trouve ça plus enrichissant qu’un énième tutoriel sur la dernière techno à la mode… :)

  5. Anne-Sophie, le vendredi 5 décembre 2014 à 11:53

    Cet article me parle beaucoup aussi !

    Comme @Naouak, j’ai l’impression de « ne pas assez toucher à un sujet en particulier » pour vraiment oser écrire dessus. Et pourtant, je me suis parfois « forcé » et à chaque fois, ça a été extrêmement enrichissant. En écrivant sur un sujet que je connaissais « mal », mais sur lequel j’avais expérimenté un peu, je me suis mise à vouloir expliquer les choses, et donc à faire des vérifications (je ne voudrais pas dire de bêtises !), à essayer encore plus de choses (et est-ce que ça, ça marcherait ?) et très vite, j’ai encore plus approfondit le domaine :) L’inconvénient par contre, c’est que ça demande réellement beaucoup de temps pour rédiger un tel article…

  6. Webarranco, le vendredi 5 décembre 2014 à 12:08

    Merci pour cet article vraiment motivant !

    J’ai moi-même l’impression de rentrer dans cette étape où me vient l’envie de partager mes connaissances.
    Même sans actuellement être un professionnel aguerri et accompli du web, je pense pouvoir apporter de par mes expériences et mon point de vue de l’aide à ceux qui démarrent et se retrouvent sans savoir par où commencer :)

    Première étape du commentaire passée, le blog est pour bientôt ;)

  7. Jeremy, le vendredi 5 décembre 2014 à 14:30

    On ne te répètera jamais assez que c’est un très bon article. Quant a moi, je suis un très jeune développeur Ruby et, pour réagir a certains commentaires, je me suis lancé dans l’ouverture d’un blog qui relate quasiment tous les jours ma découverte de Ruby. A vrai dire, je ne connais pas encore Ruby pour pouvoir l’enseigner à quelqu’un d’autre, j’apprends sur le tas et je partage ce que j’apprends chaque jour en même temps d’écrire un article. Je ne sais pas si je m’en sors très bien, mais ce qui est le plus important c’est que j’aime le faire et que je prends un certain plaisir à le faire. Au début c’était plutôt une contraite, je me suis fixé un objectif d’un article par jour sauf le week-end et maintenant je le fais par pur plaisir, parce que j’adore ça, simplement. Donc pour en rajouter un peu, je confirme certains commentaires puisque j’ai ouvert un enième blog sur la dernière techno à la mode. Le but c’est de partager, non ?

  8. charleslp, le vendredi 5 décembre 2014 à 16:19

    Chouette article. :)

    « […] n’êtes-vous pas un peu ce que vous êtes grâce aux nombreux écrits qui ont nourri votre réflexion et votre expertise d’aujourd’hui ? » J’irais plus loin que cette conclusion, en ajoutant « internet n’est-il pas ce qu’il est grâce à tous ces gens qui y ont contribué aujourd’hui ? » C’est important de se souvenir qu’Internet ce n’est pas juste un immense (et génial) supermarché. Écrire c’est participer activement, et ça, ça compte vraiment. Mais cette simple réflexion mériterait un article à elle-seule (que j’écrirai l’année prochaine ?)

    PS. Le titre est un peu trompeur, « Demain j’écris » ça rappelle un peu le « Demain j’arrête » du fumeur… qui n’arrête jamais. « Aujourd’hui, j’écris ! » colle mieux à l’article, non ? :)

  9. Taguan, le mardi 9 décembre 2014 à 15:39

    Merci pour cet article !

    Faisant moi-même partie d’une association qui promeut le partage des connaissance, je ne peux qu’approuver : on est toujours l’expert de quelqu’un et le débutant d’un autre.

    Ne jamais hésiter à se lancer, il y a tant de moyen de partager ses connaissances (blog, forums, tutoriels, …). Il y aura toujours des gens que cela intéressera, et il y aura toujours des personnes compétentes pour aider à la rédaction ou signaler les erreurs s’il y en a.

    Et quoi de plus formateur que de s’obliger à exprimer un concept de manière à ce qu’il puisse être compris par d’autres ?

    Ce qui me fait penser qu’il y a des mois que je veux écrire un tutoriel complet sur une techno que j’utilise au boulot… Faites ce que je dis, pas je que je fais… Allez, demain, j’écris !

  10. J'informatique, le lundi 15 décembre 2014 à 11:07

    Merci pour cet article dont les questions résonnent en moi depuis quelques temps. Je me suis toujours dis, d’autres l’ont fait mieux que moi, il y a déjà tellement de blog sur le même sujet à quoi ça va servir que je fasse le mien ?
    Cela me poussent à ouvrir mon blog pour partager sur des technos déjà tellement abordé partout par d’autres mais ou je pourrais mettre mon grain de sel.

  11. Julien van der Kluft, le mardi 16 décembre 2014 à 00:58

    Un correcteur d’orthographe plus loin, je lancerais certainement mon blog ou tout autre forme de partage un de ces jours !

    Article réaliste et motivant ;)