Écriture inclusive : faisons le point autour de la cheminée
Salut les fées et les lutins ! Si t’as pas entendu parler d’écriture inclusive dernièrement, c’est que tu vis au fond d’une grotte. Et quelle chance, parce que la polémique actuelle nous rebat les oreilles ! Mais y’a des petits trucs qu’il te faut savoir, pour bien faire ton métier dans le Web. Et peut-être as-tu des questions à ce sujet… Faisons le point, veux-tu ? Viens, prends ce plaid et installe-toi au chaud près de la cheminée…
Il était une fois…
Ce n’est pas une nouvelle mode. Ça existe depuis plus d’un demi-siècle. Sais-tu que la première personnalité politique à en faire usage fut le général De Gaulle, entamant ses discours par la fameuse formule « Françaises, Français » ? En effet, après guerre, on ne pouvait plus ignorer les femmes, qui avaient, elles aussi, contribué à l’effort de guerre, faisant tourner le pays tandis que les hommes allaient s’étriper au front. Désormais elles votaient et il fallait bien s’adresser à elles aussi. Et trouver les mots pour ce faire. Cela fit bien rire le facétieux lutin Desproges, qui imitait « Françaises, Français, Belges, Belges… ». Mais toutes les personnalités publiques s’y sont mises depuis et le font désormais spontanément sans qu’on n’y prête guère plus d’attention.
Puis les électrices, également éligibles, entrèrent en politique, devenant même ministre. Y’en a même une qui est tombée enceinte dans l’exercice de son mandat. Dans le journal, soigneusement rédigé en bon français d’époque, on lisait alors : « le ministre est enceinte ». C’est à ce moment qu’on s’est rendu compte que ça n’allait pas du tout, notre façon de parler des métiers exclusivement au masculin. Qu’il valait mieux dire « Madame la ministre », quand même. Pour éviter ce genre de phrases absurdes qui ne parviennent pas à dire la réalité…
Mais, empêtrés dans nos habitudes, on n’y arrivait guère, à parler avec des femmes dans les phrases. À force, notre langue était devenue trop masculine. Au point que les mots féminins nous sonnaient bizarrement aux oreilles. On oublie à quel point avoir fait de l’« homme » un mot neutre est problématique… Des fées et les lutins linguistes, dont Groult, Houdebine et Vienot, ont bossé dur pour proposer des améliorations. Parce que ça ne nous venait point naturellement. Pendant ce temps, au Québec, en Suisse, et partout dans le monde francophone, le vaste peuple des locuteurs et locutrices, qui n’avait point le temps d’attendre, inventait les nouveaux mots et formulations dont il avait besoin pour s’exprimer. C’est ainsi : la langue est vivante et continue d’évoluer d’elle-même dans la bouche des gens. Au fil du temps, quelques règles d’expression se sont stabilisées…
Mais de quoi parle-t-on ?
L’écriture inclusive est aussi appelée, selon les pays et les époques, féminisation de la langue, rédaction épicène, langage neutre ou non sexiste, grammaire égalitaire… Peu importe ces nuances d’appellation, pour faire simple, nous continuerons notre histoire au coin du feu en disant « écriture inclusive ».
Un ensemble de règles
Qu’est-ce exactement ? Un ensemble de règles visant à éviter les discrimination par le langage ou l’écriture. Parmi les usages les plus courants :
- Féminisation des noms de métiers : « bûcheronne », « poétesse », « développeuse »…
- Formules épicènes (mots identiques au féminin et au masculin) : « les membres », « les élèves », « les internautes »…
- Formules englobantes : « la population française », « les droits humains »…
- Doublets (double flexion) : « Français et Françaises », « toutes et tous »…
Ces usages nous sont désormais familiers au point que nous n’y prêtons guère plus d’attention. En réalité, beaucoup parlent déjà inclusif, comme M. Jourdain faisait de la prose : sans le savoir. D’autres usages se remarquent, tant nouveaux que réhabilités : l’accord de proximité (« les hommes et les femmes sont belles »), les mots mixtes (« celleux », « iel », « lecteurices », etc.)… et les formes contractées à l’aide de signes typographiques, dont le tiret ou le point qui déchaîne actuellement les passions. Nous en parlerons un peu plus tard, si tu veux bien. Retiens simplement que l’écriture inclusive est un ensemble de règles qui ne se réduit pas à l’usage d’un point, d’ailleurs facultatif.
Si tu veux en savoir plus, consulte un des guides sur le sujet. En France, le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) a publié en 2015 un guide pratique « pour une communication publique sans stéréotype de genre », récemment ré-édité en raison de son succès.
Est-ce obligatoire ?
Que nenni ! Du point de vue législatif, aucune obligation. Que des recommandations, poussées via des circulaires. Concrètement, les sites institutionnels et les textes officiels, pour éviter les discriminations, se rédigent de manière inclusive. Mais pour ton blog de fée ou tes tweets et pouets de lutin, tu fais bien ce que tu veux.
Et l’Académie française, alors ? On la pense légitime à parler de langue française alors que c’est une position usurpée : ce n’est qu’un club masculin traditionnel, sans grand pouvoir ni forte compétence, aucun linguiste n’y siégeant. Rien n’oblige à partager ses positions, souvent discutables et vite oubliées. Bref, ni l’État ni l’Académie n’ont pouvoir ni autorité sur la langue. Personne n’en décide, sinon celleux qui la parlent. C’est notre langue.
Des usages variables
L’écriture inclusive n’est pas une obligation, encore moins une norme, mais un usage. Celui-ci se répand, par nécessité de mots pour dire le monde contemporain, divers et mixte, où les femmes ont pris une place. À l’école, si la plupart enseignent toujours l’accord au masculin qui l’emporte, plusieurs centaines de profs ont cessé en faveur de l’accord de proximité, typique de la langue de Molière (c’est-à-dire avant la réforme académicienne), qui est si naturel que peu le remarquent. Tandis que le Figaro hyperventile, d’autres titres de presse s’y mettent : Slate s’engage pour l’accord de proximité et Causette témoigne humblement du cauchemar en cuisine que représente l’application de l’écriture inclusive dans un secrétariat de rédaction… Celleux-ci font des choix qui leur sont propres, les règles d’écriture inclusive s’utilisant en tout ou partie selon les situations, les publics, etc. De même qu’il n’y a pas qu’une seule façon qu’écrire en langue française, unique et constante, il n’y pas qu’une seule façon d’écrire de manière inclusive : les usages sont variables, s’adaptant à chaque contexte.
Où est le problème ?
Les abréviations. En français, nous avons un problème avec les abréviations. Nous adorons en utiliser à tort et à travers. Sais-tu écrire les abréviations ? Vraiment ? Sais-tu que l’abréviation de « monsieur » est « M. » (oui, avec un point) et non « Mr » qui est l’abréviation de Mister ? Autre erreur courante, nous abrégeons plus lourdement que nécessaire les adjectifs numéraux : 1ère, 2de, 3ème, XXIième… alors que l’abréviation requise est simplissime : 1re, 2e, 3e, XXIe…
Eh bien c’est le même foutoir dans les « abréviations inclusives », plus exactement appelées formes contractées des variantes féminine et masculine. Plutôt que d’écrire les doublets ou les accords in extenso, parce que c’est un peu longuet, trouve-t-on, nous agrégeons sauvagement : « recherchons un/une développeur-euse expert(e) en JavaScript » ; avec des barres obliques, des tirets, des parenthèses, des capitales ou même des apostrophes. Y’en a pour tous les goûts ! L’inventivité des uns, des unes et des autres en la matière est fascinante…
Parmi celles-ci, la forme la plus élégante, par sa discrétion, est celle avec le point médian : « nous sommes surpris·es ». Mais comme, en matière d’abréviations, nous n’en sommes plus à une boulette près, le guide du HCEfh recommande le point — oui le point bas des fins de phrases — plutôt que le médian. Oups !
C’est ainsi que les points envahissent les mots dernièrement, semant la confusion. C’est ainsi qu’un manuel scolaire vient de paraître qui, respectant avec zèle le guide du HCEfh, a truffé ses textes de points non pas médians mais bas, ce qui n’offre pas la meilleure lisibilité, parce qu’assimilables à des fins de phrase. Cette initiative est donc légitimement critiquée par les orthophonistes et le corps enseignant.
Point de péril mortel
Cela a réveillé les vieux grincheux qui hibernaient dans leur grotte de l’Académie française. Eux ont une toute autre vision de la langue, dont ils s’érigent en gardiens : belle, pure, inscrite dans le marbre, immuable. Quasi momifiée. Ces dragons âgés de plusieurs siècles sont dans leur grotte depuis tellement longtemps qu’ils n’ont pas vu le monde évoluer et, découvrant que la langue continue de vivre sans eux, s’offusquent. Mais plutôt que s’en prendre aux abréviations mal formées et à leur cortège de boulettes, dont on peut comprendre qu’elles égratignent la belle langue, c’est l’écriture inclusive qu’ils condamnent en bloc dans une déclaration alarmiste. Il faut les comprendre : l’Académie française a été fondée pour anoblir la langue en la masculinisant. Ces gardiens d’un autre temps combattent donc la moindre féminisation, plus encore que le franglais ou la SMS-isation. Selon eux, devant cette aberration “inclusive”, la langue française se trouve désormais en péril mortel
. Sans rire.
Nous pouvons te rassurer : les fées et lutins de Suisse et de Québec vont bien ! Là-bas, l’écriture inclusive est pratiquée depuis plus de vingt ans et personne n’en est mort. La France a juste un peu de retard. Mais d’après l’enquête d’opinion citée par le lutin Haddad, plus de 80 % des personnes sont pour l’usage du féminin et du masculin plutôt que du seul masculin « générique » qui l’emporte. En réalité, l’écriture inclusive est déjà acquise.
C’est donc par dizaines que les linguistes, qui savent bien, eux, qu’il est vain de combattre l’évolution naturelle d’une langue, ont rétorqué aux vieux grincheux : « Que l’Académie tienne sa langue, pas la nôtre » ajoutant : Le français se trouvera en péril mortel le jour où l’on cessera d’en débattre.
La langue est vivante, bien vivante, et c’est passionnant de la voir évoluer ! Ouste les dragons, coucouche panier, papattes en rond !
Ok, mais est-ce accessible ?
Une démarche d’inclusion veille à prendre tout le monde en compte, pour éviter toute discrimination. Rappelons que l’écriture inclusive n’a pas pour seul but d’inclure les femmes dans la langue, mais aussi toutes les personnes qui ne se reconnaissent pas dans le seul masculin ou la binarité de genre. Évidemment, une telle démarche d’inclusion ne se fait pas sans souci d’accessibilité, notamment des personnes dyslexiques, mal et non-voyantes. Alors est-ce accessible ?
Si certaines personnes dyslexiques jugent l’écriture inclusive abominable à lire, d’autres trouvent au contraire que cela les aide à comprendre, les marqueurs typographiques leur facilitant la lecture. C’est l’écriture tout court qui est discriminatoire pour les dys. Si on voulait vraiment aider les dyslexiques, il y aurait beaucoup à simplifier dans la langue française avant ça ! En attendant, pour pallier : utilisation de couleurs, gras, aération du texte, polices simplifiées, etc.
La Fédération des aveugles de France est contre, mais avec des arguments peu convaincants, moins factuels qu’idéologiques, réduisant l’écriture inclusive au seul point médian… Or ça dépend ! Les règles d’écriture inclusive vues précédemment ne posent aucune difficulté particulière de restitution aux lecteurs d’écrans. Seul l’usage d’abréviations — avec ou sans point médian — peut causer des difficultés, qui ne sont point nouvelles. Prenons plutôt conseil auprès des fées et lutins qui s’y connaissent bien en accessibilité numérique : d’après les tests de restitution effectués par Access42, « l’option la plus convaincante » en matière d’abréviation inclusive est… le point médian.
Comment abréger ?
En abrégeant le moins possible !
Les textes truffés d’abréviations ne sont aisés à lire pour pour personne ! Tous les bons guides de rédaction recommandent d’éviter les abréviations autant que faire se peut. Ainsi la recommandation du guide du HCEfh est-elle d’user du féminin et du masculin, en rangeant les mots dans l’ordre alphabétique, et s’illustre des exemples suivants, pour l’oral comme pour l’écrit : « l’égalité femmes-hommes, les lycéennes et les lycéens, les sénateurs et les sénatrices, les Français et les Françaises ».
En effet, nul besoin d’abréviations pour s’exprimer de façon inclusive ! Pour preuve, cet article est rédigé de façon inclusive, sans employer aucunement ce type d’abréviations. Il est toujours possible de reformuler pour éviter d’abréger. Allez, allez, point de fainéantise ! De même qu’il y a des plumes de talent et d’autres qui en manquent, il en est qui écrivent inclusif de façon aussi fluide qu’imperceptible et d’autres qui enchaînent les phrases lourdes et les truffent de formes contractées indigestes… Fais preuve d’indulgence !
Les formes abrégées ne sont jamais une solution, mais un pis-aller. Elles ne s’emploient qu’en dernier recours, lorsqu’il n’y a pas d’autre choix, par exemple par manque de place : dans les titres (parfois limités à 80 caractères), les tweets et les pouets, les entêtes de tableau (souvent étroites), etc.
Avec la balise <abbr>
?
Sur le Web, les abréviations peuvent se coder avec la balise <abbr>
pourvue d’un attribut title
l’explicitant. Par exemple : <abbr title="Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes">HCEfh</abbr>
.
Comme ce n’est pas hyper efficace, la restitution de l’attribut title
n’étant pas garantie, mieux vaut expliciter directement avant ou après l’abréviation (au moins la première occurrence). Par exemple : « HCEfh (Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes) ». Ainsi, tout le monde peut comprendre : pas d’infobulle cachée, pas de restitution incertaine.
Il en va de même pour les abréviations inclusives : le mieux est d’écrire in extenso, afin que tout le monde comprenne le texte. Par exemple : « lecteurs et lectrices ». Pour coder la forme abrégée, comme c’est relativement nouveau et que les usages ne sont pas encore stabilisés, jette un œil aux tests d’implémentation effectués par le lutin Valentin. En bonne logique, l’écriture inclusive abrégée pourrait être ainsi codée : <abbr title="lecteurs et lectrices">lecteur·ices</abbr>
.
Comment fait-on ce point ?
Si tu veux utiliser des abréviations inclusives avec point médian, s’il te plaît, fais-le bien !
Ne point confondre !
Beaucoup confondent point médian et point bas. Ces deux-là sont pourtant significativement très différents ! Pour ne plus confondre entre ces caractères typographiques :
- Le point bas ou point final (U+002E) s’utilise en fin de phrase. Il est — mille fois hélas —, recommandé dans le dernier guide du HCEfh, ce qui nous vaut, à raison, la levée de bouclier actuelle… S’il te plaît, ne propage pas cette erreur !
- Plus léger et surtout typographiquement neutre, le point médian ou point milieu (U+00B7) n’est pas une invention récente, puisqu’il nous vient de l’antiquité greco-latine, où il avait déjà le rôle de séparateur (de mots).
- Ne confonds pas non plus avec la puce ou bullet (U+2022), parfois abusivement appelée « gros point médian », on ne sait pas trop pourquoi…
- Et enfin, évite l’opérateur point (U+22C5) qui est un signe mathématique pour la multiplication, qui risque donc d’être lu « multiplié par » par les synthèses vocales…
Saisie au clavier
- Le point médian est déjà présent sur les touches du clavier normalisé canadien (et le sera prochainement sur le futur clavier franco-français normalisé par l’AFNOR) :
- En attendant, pour celleux qui utilisent Windows, le point médian est aussi difficile à taper que les majuscules accentuées, puisqu’il faut utiliser, non point les touches du clavier, mais les archaïques « Alt codes » : Alt+0201 pour « É », Alt+0192 pour « À » et Alt+0183 ou Alt+00B7 pour le point médian. Avec toute notre compassion !
- Pour les autres, c’est plus simple, mais trop varié pour être ici listé (car fonction de ta configuration à toi, selon que tu utilises macOS, Linux, Androïd… avec un clavier azerty, bépo ou autre) : cherche dans le mode d’emploi de ton ordinateur, tablette ou smartphone, sinon dans ton moteur de recherche favori, par exemple : « point médian clavier » (en vérifiant bien, dans les résultats obtenus, la correspondance avec la référence Unicode U+00B7) ou fouille parmi les quelques raccourcis clavier listés sur la page Wikipédia dédiée.
Comment raccourcir ?
Détail important : où placer le point dans le mot ? Comment agréger « les rédacteurs et les rédactrices » ? Pas de « rédacteur·ice·s » encore moins de « rédact·eur·ice·s » ! Prenons exemple sur les fées et lutins du Québec qui ont quelques années de pratique d’avance et composent plus agréablement, avec un seul point par mot : « programmeur·euses », « rédacteur·ices », « inclusif·ives ». Point n’est besoin, en effet, de redoubler le signe avant la marque du pluriel.
Et sinon ?
Plusieurs graphies existent pour abréger (si tu ne peux écrire la forme complète, insistons). Laquelle préférer ?
- Le point médian est la moins pire à tous points de vue (typographie, sémantique, accessibilité, lisibilité, etc.). Mais si tu ne sais pas comment le saisir correctement, par exemple sur smartphone, abstiens-toi !
- Tu peux utiliser le tiret, autre signe courant, mais pas n’importe lequel : le trait d’union U+2010 ou mieux, sa version insécable U+2011 : « surpris-e‑s ».
- Sinon la parenthèse, simple et robuste, que tu as déjà l’habitude de croiser de-ci de-là, comme sur ta carte d’identité : « Né(e) le »…
Oui mais… comment ça se lit ?
Comment lis-tu les abréviations habituellement ? Eh bien c’est pareil : de la même façon que tu oralises « vingt-et-unième » quand tes yeux voient les caractères « XXIe », la forme contractée « bonjour à tou·tes » se prononce : « bonjour à tous et à toutes ». Facile !
Et si la synthèse vocale de ton lecteur d’écran ne prononce pas comme tu le souhaites un mot, une abréviation, une ponctuation ou même les smileys et emojis ? Sais-tu, rappelle la fée Duchateau, que tu peux le modifier dans le dictionnaire associé ? Un lecteur d’écran performant est un outil que l’on peut personnaliser.
Moralité
J’espère que cette histoire autour de la cheminée t’aura donné les repères pour mener à bien tes propres expérimentations sur le Web en t’évitant les erreurs. Tu l’auras compris, en matière d’écriture inclusive, les usages sont variables. À toi de trouver les tiens.
Les abréviations inclusives sont relativement nouvelles et foisonnantes en ce moment. Pas de panique, elles se stabiliseront avec le temps. Peut-être même ne seront-elles que transitoires. D’autant plus qu’elles sont très facultatives.
En tout cas, il est passionnant de voir la langue ainsi évoluer en direct. Locuteurs et locutrices expérimentent, innovent, se ré-appropriant la langue, au grand dam des académiciens qui la voudrait immuable. La moralité de l’histoire est hautement réjouissante : notre langue est vivante !
Merci aux fées et lutins Gervois, Valentin, Cavalier, Rivière et Cendre qui ont relu cet article, apportant leurs précieuses lumières.
29 commentaires sur cet article
mulk, le jeudi 21 décembre 2017 à 08:39
Chouette article, mais tout d’abors une petite précision : non, en Suisse, l’écriture inclusive n’est pas plus pratiquée qu’en France.
Et puis, mais c’est qu’un avis, je pense que l’Odieux Connard résume bien la chose :
https://unodieuxconnard.com/2017/11/14/lecriture-pas-tres-inclusive/
P.S.: rien à voir avec la balise abbr…
Guillaume, le jeudi 21 décembre 2017 à 12:01
Article très intéressant au vu de la querelle de clochers mediatique, plus soucieux d’avoir une article qui fait vendre que de réellement se poser les bonnes questions (qui pour le coup risqueraient d’amener de vraies réponses et clore le débat… et les fameux articles qui font vendre)
Sinon, l’emploi d’articles mixtes au long de cet article, m’a ramené à la musicalité que pouvait avoir un texte de l’époque médiévale.
Stéphane Bortzmeyer, le jeudi 21 décembre 2017 à 12:04
Je ne me sens pas tellement d’accord avec l’article d’Odieux Connard. D’abord, il est clair qu’il ne sait pas de quoi il parle quand il dit « l’écriture inclusive, qui consiste pour rappel à accorder les phrases à tous les genres en les séparant par des points » C’est tout à fait faux, comme le rappelle bien l’article de Romy Duhem-Verdière.
Ensuite, l’exemple mésopotamien est ridicule car on ne sait pas (on = Odieux Connard, moi, et la plupart des lecteurs) si la langue mésopotamienne avait le neutre ou pas. Si elle l’avait, problème résolu.
L’exemple de la filière « où nous étions 2 garçons et 28 filles » est tout aussi mauvais. Le garçon ne s’angoisse pas pour ses couilles car il sait qu’il est supérieur aux filles, on le lui répète tout le temps. Le problème de l’écriture masculine est qu’elle envoie aux femmes le message « vous comptez moins », message qui, en soi, ne serait pas très grave, si ce n’était pas le discours ultra-majoritaire. Alors, la langue ne DÉCIDE pas de la pensée mais elle l’INFLUENCE, surtout quand elle va dans le sens déjà dominant.
Mais le pire est bien sûr l’argument des logiciels pour malvoyants. Là encore, il montre son ignorance de la technique (cf. l’article de Romy Duhem-Verdière, qui est nuancé et précis à ce sujet) mais, surtout, cela m’agace de voir qu’on cite les malvoyants quand il faut combattre les féministes, alors qu’on se fout totalement d’eux le reste du temps (un bon exemple était dans un article récent de 24 jours du Web où le graphiste-diva disait qu’il fallait que le site Web soit exactement comme sur le Photoshop qu’il avait fait et tant pis pour l’accessibilité).
Cela me fait un peu penser à la droite disant qu’il ne faut pas s’occuper des réfugiés, il faut d’abord penser à nos SDF bien de chez nous. Ces gens-là se fichent des SDF l’essentiel du temps, et ne les ressortent que quand il faut taper sur les migrants.
Thibault, le jeudi 21 décembre 2017 à 12:24
@mulk Si l’odieux connard est parfois pertinent, le lien que tu mentionnes démontre une exceptionnelle mauvaise foi et / ou une connaissance du sujet fort approximative. Si son billet résume quelque chose, c’est bien l’argumentation vaseuse des opposants idéologiques à l’écriture inclusive. Romy, il me semble, présente le sujet avec bien plus de pertinence et de subtilité
Sinon, pour écrire un « · » sur linux, on peut utiliser « ctrl + shift + u » puis « b7 ».
Stéphane Bortzmeyer, le jeudi 21 décembre 2017 à 13:25
Euh, sur Linux, bien plus simple et facile à retenir (car logique), Compose Point Tiret.
STPo, le jeudi 21 décembre 2017 à 13:26
@Stéphane Bortzmeyer
C’est marrant ce que tu racontes, parce que justement j’ai justement suivi une Formation Expert Accessiweb en Évaluation par BrailleNet et Temesis et que je viens juste de finir le design d’un site traitant du handicap avec Atalan.
Quand tu auras fini d’inventer des choses de toutes pièces et de haïr les designers (pour une raison qui m’échappe) peut-être qu’on pourra commencer à parler entre gens civilisés…
(pardon Romy)
Stéphane Bortzmeyer, le jeudi 21 décembre 2017 à 13:28
Je me permets de signaler une petite bogue. Dans « le trait d’union U+2010 ou mieux, sa version insécable U+2011 », le mot donné en exemple, surpris-e‑s, est écrit avec des tirets ASCII U+002D.
Claire, le jeudi 21 décembre 2017 à 22:01
Bravo à vous Romy, et à tou·t·es les fier·ère·s aut.eur.trice.s militant.e.s français·e·s artisan·e·s du progrès linguistique face à tou·s·tes celleux, trop nombreu·x·ses, qui sont prêt·e·s à persécuter les Femmes. Ielles sont les nouveau·elle·x·s fascistes. Vous nous êtes si précieu·x·es. Merci.
Luna, le vendredi 22 décembre 2017 à 00:02
Sinon, on peut dire la même chose sans le truffer de points au petit bonheur là chance…
« Bravo à vous Romy, ainsi qu’aux dignes auteur·ices militant·es francophones, qui veillent au progrès linguistique face à celleux, trop nombreux·ses, qui cherchent à persécuter les femmes et sont la nouvelle génération de fascistes. Vous nous êtes si précieux·ses. Merci. »
Très bon article, Romy, je pense que ça sera ma nouvelle référence à donner aux personnes curieuses sur le sujet :)
Claire, le vendredi 22 décembre 2017 à 10:00
@Luna. C’est formidable. À la suite de chaque article pour l’inclusion des minorités opprimées il y a TOUJOURS un·e non-racisé·e qui vient vous expliquer quoi penser, quoi dire et comme le dire, avec tout le mépris de la personne qui a totalement intégré la position colonialiste et raciste de l’oppresseur·e sur les minorités.
Pour votre information, supprimer la notion de « fierté » dans ma phrase c’est un énième petit crachat au visage de tout·e·s les militant·e·s des minorités opprimé·e·s qui se battent depuis des décennies pour leur simple droit à être fier·ère·s de ce qu’iels sont.
Maintenant que vous avez exprimé votre petit penchant raciste en supprimant sciemment un terme si lourd de sens, la décence voudrait que vous vous taisiez pour laisser parler les concerné·e·s.
tetue, le vendredi 22 décembre 2017 à 11:20
Tout doux les amies ! @Claire : il est vrai que ce message truffé de points médians, à la suite d’un article ne recommandant pas d’abréger, passait pour un troll :P
Comme quoi, ce n’est pas simple ni évident, l’écriture inclusive. L’écriture tout court, d’ailleurs.
Gurhal, le vendredi 22 décembre 2017 à 11:39
@Claire typiquement le genre de militante discréditant tout un mouvement… elle prouve qu’elle milite mal, lis mal un article et viens donner des leçons sans écouter avant. Une sorte associal justice warrior… qui en plus donnera des cartouches aux réacs ensuitent. c’et article est sur la forme.… reste ensuite le débat de fond qui est trés loin d’être pour l’écriture inclusive vu que les 2 langues hyper neutres du monde sont : turquie et hongrie.… pas des modèles d’égalitarismes entre sexe.…
Jean-Pierre, le vendredi 22 décembre 2017 à 12:14
Je reste dubitatif sur « locuteur-ice » que je préférerai voir écrit « locuteur-rice » parce que c’est bien « rice » que je rajoute à « locut » pour former « locutrice » .
Mais avant tout je vous félicite pour ce très bon article, qui dépassionne le débat en le mettant en place. J’avoue détester encore les formes abrégées, faute d’habitude et d’en voir bien trop souvent de mal formées, et d’en voir un usage souvent abusif. J’avoue aussi être gếné par « militant·e·s » que je verrai mieux comme « militants·es » qui est plus lisible et me semble davantage suivre vos propres recommandations (n’avoir qu’un seul point médian tant que faire se peut).
Il faudrait que je trouve un Grévisse assez récent pour voir comment il dit d’inclure quand on veut inclure, par curiosité.
Et je termine par le barbarismes « çols » que je propose à la place de « celleux » que j’ai ainsi construits pour être à prononciation à peu près équidistante de « ceux » (le « eu » ressemblant plus au « o » que ne l’est le « é ») et de « celles » (le « l » étant la partie féminine du substantif). On peutt décider de « çol » pour « celui » et « celle » par simplification. Voilà ma petite contribution à la vie de la langue des francophones.
Daniel Dardailler, le samedi 23 décembre 2017 à 10:24
Je sais pas si « celleux » est déjà bien établi en remplacement de ceux et celles mais je trouve ça très laid, ça se lit comme une maladie et ça sonne beaucoup plus proche de celles que de ceux, donc pas vraiment inclusif/équitable. Pourquoi de pas simplement utiliser « ceuls » ?
tetue, le samedi 23 décembre 2017 à 13:19
@Jean-Pierre : il semble que le Grevisse mentionne l’usage de la parenthèse, qui a le mérite d’encadrer.
+ @Daniel : à ceci prêt que le mot « celleux » a le mérite d’exister déjà (suivre le lien sur ce mot, plus haut dans l’article).
ThomasG77, le samedi 23 décembre 2017 à 23:10
Bon article récapitulatif. Une petite faute avec doublon de « pour » dans « Les textes truffés d’abréviations ne sont aisés à lire pour pour personne »
Mantis, le mardi 26 décembre 2017 à 09:24
Pourquoi féminiser les nom de métier mais de pas masculiniser aussi les noms des disciplines ?
Quitte à faire de la merde autant que ce soit le foutoir complet…
Le/La Médecin.e = métier
La/Le Médecin.e = discpline
Emmanuel, le mardi 26 décembre 2017 à 17:23
« On peut être taquin avec l’Académie, reprocher ses tendances purpuristes, mais on admettra que certaines de ses remarques peuvent être utiles pour combattre des tournures aussi lourdes que fautives… comme celle-ci (http://www.academie-francaise.fr/ils-ont-reflechi-sur-comment-faire) » — Féminisation : quand l’Académie se réveille avec 18 ans de retard, http://www.langue-fr.net/spip.php?article324
Mantis, le mardi 26 décembre 2017 à 17:42
Il est certain qu’avec l’écriture inclusive, les élites respecteront bien plus le peuple…
Ce combat est une hérésie. L’écriture n’est pas la base de la discrimination. Cette dernière provient de la volonté des élites à diviser le peuple.
Je comprends pas toutes ces femmes prêtes à faire la guerre pour un « . » et d’autres qui n’en veulent pas.
Après 200 ans d’arnaque sur le suffrage universelle, je trouve ce combat bien plus cohérent qu’une nouvelle règle d’écriture.
Bon courage, moi je vous laisse sur le bas côté, votre combat est dépassé et le temps que vous vous occupiez de cette merde on va reculer de 50 ans de droits sociaux.
Sébastien Delorme, le mercredi 27 décembre 2017 à 15:13
Bonjour Romy,
Merci pour cet article. Je n’ai pas encore d’avis sur le sujet, j’essaie d’assembler à gauche et à droite les différents arguments.
J’espère pouvoir faire une réponse plus complète dans les prochains jours, mais dans un premier temps, j’aimerai seulement réagir sur quelques arguments et apporter mon regard de spécialiste de l’accessibilité numérique. Principalement sur le sujet de l’écriture inclusive abrégée, qui est celle qui centralise les difficultés au regard de l’accessibilité.
Dans le désordre :
1. Tu précises : « Sais-tu, rappelle la fée Duchateau, que tu peux le modifier dans le dictionnaire associé ? Un lecteur d’écran performant est un outil que l’on peut personnaliser. »
Effectivement, mais ce n’est pas l’objectif du dictionnaire. L’idée du dictionnaire de prononciation des synthèses vocales est de pouvoir corriger la vocalisation d’un mot.
Par exemple, une synthèse vocale prononce « Androide » (sans tréma) et non « Androïd » lorsqu’elle rencontre « Android » (la marque de Google s’écrivant bien sans tréma). L’utilisateur va pouvoir alors apprendre ce mot à sa synthèse vocale en lui demandant de bien le prononcer « Androïd » même en l’absence de tréma.
C’est un travail possible, mais long et fastidieux (la plupart du temps les lecteurs d’écran, logiciels utilisés par les personnes aveugles et malvoyantes, proposent par défaut plusieurs entrées couramment rencontrées dans le dictionnaire).
Il est totalement inenvisageable de se servir de cette technique pour l’utilisation du point médian, le nombre de mots à saisir dans le dictionnaire étant innombrable puisqu’il faudrait saisir des entrées pour chaque nom commun (ayant une écriture masculine) et adjectif de la langue.
Rien que pour l’exemple donné, il faudrait entrer dans le dictionnaire : lecteur·ice, lecteur·ices, lecteur·ice·s (en anticipant le fait que certains placeront tout de même un séparateur avant le s) et tant que le point médian ne sera pas le seul utilisé, il faudra saisir les déclinaisons avec les parenthèses, le tiret, etc.
La seule solution viable serait que le moteur de synthèse vocale reconnaisse officiellement cette manière d’écrire pour interpréter automatiquement « lecteurs et lectrices » à la rencontre de « lecteur·ices ».
Enfin, si on abrège à l’écriture n’est-ce pas pour alléger la lecture visuelle ? Et donc on l’alourdirait à l’écoute et on perdrait l’intérêt de l’abréviation (comme c’est d’ailleurs le cas lorsque l’on utilise la balise abbr en HTML).
2. Tu évoques d’ailleurs la possibilité de coder la version non abrégée avec la balise abbr.
Je n’avais pas perçu l’écriture de lecteur·ices comme étant une abréviation de lecteurs et lectrices. Mais en te lisant, cela devient tout simplement évident.
On sait malheureusement qu’on n’arrivera jamais à obtenir cela de la part des contributeurs et contributrices. Je ne pense donc pas que cette piste résolve le problème et les inquiétudes des utilisateurs de synthèses vocales (qui, par ailleurs, peuvent être également dyslexiques et pas nécessairement mal-voyants ou non-voyants).
3. Tu parles des tests de restitution réalisés par Access42. Effectivement, il en ressort que le point médian est la moins pire des solutions, mais notamment parce que le caractère n’est pas annoncé par les synthèses vocales (à la différence du tiret ou de la parenthèse). Il en reste que la lecture est hachée et à mon sens, le principal problème remonté par la Fédération des Aveugles de France reste donc valable même (et peut-être même surtout) avec l’utilisation du point médian.
4. Tu ajoutes « Si certaines personnes dyslexiques jugent l’écriture inclusive abominable à lire, d’autres trouvent au contraire que cela les aide à comprendre ».
Je travaille avec plusieurs dyslexiques et en accompagne dans le cadre de leurs activités professionnelles. Je serai preneur des retours de celles et ceux qui trouvent que l’écriture inclusive abrégée.
Quand tu écris « C’est l’écriture tout court qui est discriminatoire pour les dys. », effectivement c’est bien le cas, et même l’écriture de certaines langues comme l’anglais ou le français. Notons par exemple que d’autres langues, comme l’italien, posent beaucoup moins de difficultés aux personnes dyslexiques.
Voilà mes quelques retours dans un premier temps.
Sébastien.
tetue, le vendredi 29 décembre 2017 à 14:59
Merci Sébastien pour ton long commentaire qui vient enrichir le sujet.
0. Tout d’abord, je tiens à rappeler qu’en matière d’abréviation le mieux est toujours la parcimonie. C’est important. Ça ne résout pas la difficulté, mais la limite considérablement. Bien sûr, comme toute recommandation, tout dépende de la façon dont elle est suivie…
1. Oui, le nombre de formes à entrer au dictionnaire est insurmontable… Mais ne peut-on déjà se débarrasser ainsi des « ·e » et « ·es » muets qui sont assez nombreux et souvent inutiles à l’oral (comme dans « ami·es ») ? Ceci dit, une utilisatrice de synthèse vocale me témoignait hier écouter de nombreux textes rédigés de façon inclusive et apprécier ces vocalisations, parce qu’elles lui permettent de bien comprendre, par la marque appuyée du genre, quel·les sont les protagonistes.
2. Ce ne sont pas stricto sensu des abréviations, mais c’est effectivement très comparable. La difficulté du balisage des formes abrégées inclusives est le même que pour toute abréviation : oui, c’est relou et on ne peut guère attendre cela des contributeurs et contributrices.
3. As-tu une source de l’argumentaire de la Fédération des Aveugles de France ? Parce que tout ce que j’ai (ce que la presse en a rapporté) est très superficiel : « langue illisible, incompréhensible » = peu précis ; demander à mettre « fin à ce mélange des genres » = idéologique ; réduction de l’écriture inclusive au seul point milieu = confusion… Bref, pas très convaincant. Je préfère m’en référer à des retours plus précis et argumentés.
4. Parmi les témoignages de dys, en voici un en ligne : « Quant aux dyslexiques et dysorthographiques […], pour être copieusement pourvu de ce coté là, l’écriture inclusive est plutot une aide pour moi car elle me permet facilement de reconnaître les noms et adjectifs. Elle décompose les mots et les phrases, pour les rendre plus facile à lire et à comprendre. » https://seenthis.net/messages/646390#message646576
Au plaisir de te lire :)
Angel Lefranco, le dimanche 7 janvier 2018 à 13:34
J’adore ce genre d’article qui parle de ce sujet sans jamais parler du fait que ce langage est d’un usage courant et essentiel dans les communautés queer. Oui, il y a des gens qui utilisent le neutre pour parler d’elleux-mêmes, ça fait un moment maintenant. Je sais que ça n’intéresse personne de non-concerné, les féministes cisgenres et hétéros se contentent de débarquer et de mener le débat sans nous comme d’habitude. On est trop sales probablement. Alors que le pronom « iel » et ses déclinaisons « elleux » « ellui » « celleux » ne sortent pas de nulle part mais des communautés non-binaires. Allez bises et continuez de débattre sans remettre en question le fond du débat qui est le système binaire du genre contre lequel tout un langage se crée pour parler sans ce système. C’est tout à fait passionnant.
Stéphane Bortzmeyer, le lundi 8 janvier 2018 à 12:27
Pour Windows (mes consoléances pour ce·lles·eux qui l’utilisent), on me signale https://mamot.fr/@Shaft/99313455702306874 « Win+r pour lancer la fenêtre « Exécuter », on tape « charmap », on clique sur OK et là on choisit une des polices standard, mettons Arial et on cherche le caractère souhaité dans ce fatras. Une fois trouvé, il faut cliquer sur » Sélectionner » puis « Copier » » C’était pour les majuscules mais ça peut peut-être s’appliquer au point médian ?
Eric Jacoboni, le lundi 8 janvier 2018 à 17:10
Pour MacOS, un alt-Maj‑F fait l’affaire. Sinon, il y a une liste ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Point_m%C3%A9dian#Saisie_au_clavier
Julien Moutinho, le lundi 8 janvier 2018 à 17:36
Merci Romy pour cet état de l’art de la manifestation dans la langue française de la lutte de classes entre Homme et Femme.
« Les abréviations inclusives sont relativement nouvelles et foisonnantes en ce moment. […] Peut-être même ne seront-elles que transitoires. »
Justement, dans son plaidoyer-manuel, « Tirons la langue — Plaidoyer contre le sexisme
dans la langue française », sous licence libre Creative Commons, Davy Borde en est déjà à proposer des formes universelles fusionnées. Par exemple : la forme liée (transitoire) « mignon·ne(s) » devient la forme fusionnée « mignome(s) ». De même « un·e » devient « ume », « français·se(s) » devient « françaisse(s) », « jardinier·re(s) » devient « jardinièle(s) ». Davy Borde étudie ainsi exhaustivement tous les cas, en fonction notamment de l’oralisation.
Un seul point-médian est utilisé, non seulement pour moins hacher les mots, mais surtout pour préparer une langue permettant facilement de ne pas marquer de genre social. Car avec deux coupures on comprend : « la marque du pluriel s’applique à la forme masculine (“français”) et à sa forme féminine (“française”) », alors qu’avec une seule on comprend : « la marque du pluriel s’applique à la 3° forme du mot, la forme universaliste » liée (“français·se”) ou fusionnée (“françaisse”).
http://autogeree.net/Tirons_la_langue.Utopia.2016–04.pdf
Bonne lecture,
Julien.
Stéphane Bortzmeyer, le mercredi 7 février 2018 à 17:17
Tiens, un amusant (sans signification politique, hein, c’est juste une anecdote) exemple de pourquoi il ne faut pas utiliser le point (mais le point médian) : Twitter a un algorithme (très contestable) pour reconnaitre les noms de domaine dans les tweets et les transformer automatiquement en liens hypertextes. Ce tweet utilisait une forme d’écriture inclusive (étudiant.es) :
https://twitter.com/LarrereMathilde/status/961143503878279169
Twitter a cru que c’était un nom de domaine espagnol (.ES) et l’a transformé en lien ! (Et regardez vers quoi il pointe.)
tetue, le samedi 17 février 2018 à 12:20
Un « hackathon écriture inclusive » a eu lieu en janvier pour inventer les outils pour aider à rédiger de façon inclusive. Parmi ceux-ci, Alt0183 est un gros bouton pour saisir le point médian et Incluzor·e est une convertisseuse auto de textes en inclusif. Pour en savoir plus :
http://romy.tetue.net/hackathon-ecriture-inclusive
https://usbeketrica.com/article/la-tech-attaque-l-ecriture-inclusive
tetue, le samedi 5 janvier 2019 à 11:56
Après moultes recherches, Matti Schneider recommande un meilleur séparateur pour les abréviations inclusives : le point d’hyphénation ‧ (U+2027).
Lire : https://medium.com/@matti_sg_fr/point‑m%C3%A9dian-final-point-dhyph%C3%A9nation-3f749c32b659
tetue, le jeudi 23 juillet 2020 à 12:06
Je recommande cet article plus récent et très complet de Julie Moynat :
Écriture inclusive au point médian et accessibilité : avançons vers des solutions
https://www.lelutinduweb.fr/ecriture-inclusive-accessibilite-solutions/