On ne naît pas expert·e, on le devient

Dans la communauté des artisan·e·s du web, il est d’usage de détester le mot « expert·e », et de rejeter en bloc le fait d’en être un·e.

Pourtant, être reconnu·e comme expert·e offre de nombreux avantages :

  • être recruté·e ou identifié·e plus facilement : votre réputation et votre visibilité sont telles qu’on vous associe automatiquement à votre sujet d’expertise. De là découlent des propositions de boulot ou de mission régulières. On vous sollicite plutôt que l’inverse ;
  • négocier plus facilement son salaire ou le montant de ses prestations ;
  • être invité·e à participer à des événements professionnels sans avoir à passer par les processus de sélection classique ;
  • convaincre des éditeurs de publier votre livre ;
  • etc.

Aussi, rejeter le terme d’« expert » est un privilège, que peuvent se permettre les personnes dont la légitimité est rarement remise en question au sein de notre communauté professionnelle.

Mais le rejet de ce terme est aussi un réflexe qu’ont de nombreuses femmes lorsqu’elles doivent estimer elles-mêmes leur niveau de compétences.

Étant une femme moi-même, j’ai réalisé que cette négation systématique de ma propre expertise est un réflexe nuisible.

Apprentie experte

Pourtant, ma carte de visite professionnelle ne porte pas encore le titre d’« experte accessibilité numérique ». Pour l’instant, il y est écrit que je suis « consultante » : cela signifie que je suis là pour donner des conseils, et donc aider, sans préjuger de mon niveau.

En effet, le mot « expert·e » vient du latin expertus, qui décrit quelqu’un « qui a essayé, qui a l’expérience, qui a fait ses preuves ».

J’ai travaillé près de 10 ans dans différentes agences en tant qu’intégratrice. Suis-je devenue experte en intégration suite à ça ? Peut-être. Le suis-je encore aujourd’hui ? Peut-être.

L’accessibilité est un sujet cher à mon cœur, et ce, depuis de nombreuses années. Dans mon rôle d’intégratrice, j’estimais que je connaissais pas mal de trucs en la matière, et je faisais de mon mieux pour rendre « le plus accessible possible » les interfaces que je produisais.

Et puis, cette année, j’ai rejoint Access42 : parmi mes collègues se trouvent des expert·e·s en accessibilité numérique ultra expérimenté·e·s.

Depuis, je prends progressivement la mesure de tout ce que j’ignore sur le sujet. Pire, je réalise que j’ai pu, par le passé, produire de l’inaccessibilité de manière inconsciente, faute de formation suffisante, et ce, même en ayant été intégratrice lead sur des projets publics d’envergure, où les attentes en matière d’accessibilité étaient élevées.

Sur le coup, cette révélation a été pénible. Aujourd’hui, j’y vois l’opportunité de m’améliorer. Moi qui pensais avoir atteint mon seuil de compétences, me voici au pied d’une nouvelle montagne à gravir.

Aussi, je lis énormément : j’absorbe tout ce que je peux, comme une éponge. Je pose des questions sans arrêt. Et je commence déjà à donner des conférences et des formations à propos du design accessible, parce que j’apprends plein de choses en les préparant.

Ce que je produis actuellement est une pierre brute que je vais affiner au fil des ans. Plus je vais lire, échanger et tester des trucs, plus je vais affiner ce que j’écris et partage à mon tour.

Ce n’est pas facile de prendre la parole à propos d’un sujet qui vous passionne mais que vous ne maîtrisez pas encore complètement. On a peur de mal faire, de dire des choses imprécises, d’être maladroit·e. Or, la peur est une ennemie redoutable : elle nous empêche de tenter des choses, alors que c’est à cette seule condition que l’on peut s’améliorer.

Expert, nom masculin ?

Le statut d’experte a pu me faire rêver par le passé. Je me rappelle d’une époque où, jeune intégratrice, j’entendais parler autour de moi de personnes aussi réputées que redoutables : les « experts Accessiweb ».

Pour mes collègues de l’époque, suivre cette formation était sinon l’objectif d’une vie, du moins le Saint Graal de la profession.

En toute logique, j’ai demandé à la suivre aussi, pour connaître les arcanes de l’accessibilité et améliorer les interfaces que je concevais.

Mais cette demande de formation était toujours refusée, quelle que soit l’entreprise dans laquelle je travaillais, et quelle que soit mon ancienneté. Je continuais donc à faire ce que je pouvais, tandis que mes collègues et confrères masculins célébraient chacun à leur tour l’obtention de la fameuse certification.

En outre, déjà à l’époque, l’écrasante majorité des experts qui donnaient les conférences que j’écoutais et qui publiaient les articles d’expertise que je lisais étaient des hommes.

En effet, les femmes sont moins sollicitées en tant qu’expertes que les hommes : leur présence chute de 44 % à 20 % lorsqu’elles sont invitées à s’exprimer en tant que porte-parole ou experte (source : Repères statistiques – Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes).

J’ai donc continué mon petit bonhomme de chemin avec la conviction que, pour être expert, il fallait en avoir obtenu officiellement le titre – et être un mec.

Lorsque j’ai cherché la définition du mot « expert » dans le Larousse, je suis d’ailleurs tombée sur cette précision :

Le substantif expert est toujours masculin, même pour désigner une femme : Mme Leboyer-Duchant est un expert réputé en matière de porcelaines anciennes. Mais on écrit Mme Leboyer-Duchant est experte en matière de porcelaines anciennes, car il s’agit dans ce cas de l’adjectif.

L’expert est donc masculin dans l’inconscient collectif, et le manque de diversité du milieu tech n’arrange rien.

L’expertise est toujours relative

Parallèlement à ces observations personnelles, c’est en en discutant que j’ai pris conscience des débats houleux suscités par la simple évocation du mot « expert·e ».

Il y a quelques semaines, j’ai posé la question sur Twitter, pour estimer comment notre communauté perçoit l’expertise aujourd’hui.

Dites… est-ce que vous vous considérez comme « expert·e » dans votre domaine pro ? Selon vous, qu’est-ce qui définit l’expertise ?

Globalement, j’ai obtenu une quarantaine de réponses, toutes très diverses.

Un seul point de convergence est sorti nettement du lot : l’expertise, c’est toujours relatif. Il y a toujours plus expert·e que soi. Par exemple, vous pouvez être expert·e ès CSS par rapport à votre client, mais rester un·e padawan face à Rachel Andrew, papesse du Grid Layout.

En outre, bien que chacun·e ait défini l’expertise différemment, quelques caractéristiques ont néanmoins émergé :

  • avoir un haut niveau de connaissances et contribuer à en produire de nouvelles ;
  • avoir de l’expérience, celle-ci étant constituée par le nombre et la diversité des projets sur lesquels on a travaillé ;
  • être capable de transmettre son savoir ;
  • avoir conscience de ses impacts sur la société et sur l’environnement ;
  • engager sa responsabilité.

D’autres caractéristiques plus subjectives ont également été citées :

  • la capacité d’anticipation et d’adaptation à la nouveauté ;
  • la faculté à partager son savoir avec différents publics ;
  • le flair, l’intuition ;
  • la reconnaissance de ses pairs.

Étonnamment, la question d’une validation objective de compétences (grâce à une certification par exemple) n’a été évoquée que par une seule personne.

« Expert·e », un mot qui fâche

Cependant, beaucoup de réponses étaient négatives et rejetaient purement et simplement le statut d’expert·e.

La première raison est que ce statut renverrait à quelque chose de figé, qui ne bouge plus ; comme s’il était impossible d’acquérir de nouvelles connaissances lorsqu’on est expert·e dans son domaine. Dans un domaine mouvant comme le numérique, j’ai beaucoup de mal à l’envisager : pour moi, au contraire, une facette de l’expertise est la veille constante.

L’autre raison de ce rejet est due au fait que certain·e·s s’attribueraient illégitimement le statut d’expert·e. Il est vrai qu’on manque souvent d’objectivité quand il s’agit d’estimer ses propres compétences. L’effet Dunning-Kruger n’est jamais loin.

Paternalisme, « mecsplication », et autres joyeusetés

Enfin, la méfiance à l’égard du statut d’expert·e peut s’expliquer par l’attitude de « Je sais tout » que certains d’entre eux peuvent adopter.

Ainsi, régulièrement, des consœurs sont reprises en public par des confrères, de manière paternaliste et condescendante. Cela s’appelle la « mecsplication » (mansplaining en anglais).

Cette attitude est un obstacle récurrent que doivent affronter les professionnelles qui communiquent sur leur métier, quels que soient leur âge, leur titre, leurs qualifications et leur expérience professionnelle.

Cet été par exemple, alors que Laura Kalbag annonçait sur Twitter avoir écrit un livre, elle a été reprise en public par un confrère reconnu dans la profession.

Tweet de Laura Kalbag et la mecsplication qui a suivi.
Laura Kalbag a tweeté : If you missed it, I’ve written a book ! It’s coming out very soon, sign up to get it first. Ce à quoi un éminent confrère lui a répondu : Actually, you wrote a text. It took a few other people & skills to make that into a book.

En qualifiant le livre de Laura Kalbag de simple « texte », cet homme a minoré l’accomplissement de notre consœur, et remis implicitement en cause son expertise.

De nombreuses personnes ont soutenu et défendu Laura Kalbag, y compris J.K. Rowling herself, si tant est que l’affaire ainsi médiatisée a finalement poussé le confrère en question à s’excuser.

Cette menace latente de voir notre expertise remise en question parce que nous sommes des femmes contribue à l’invisibilisation des expertes. En effet, de nombreuses consœurs préfèrent rester discrètes, sur les réseaux sociaux notamment, pour ne pas avoir à gérer ce type de situations.

Combien d’entre nous ont déjà proposé des idées qui ont été ignorées, voire rejetées, puis ont constaté que, quelques temps plus tard, la même idée proposée par un homme a été accueillie comme la lumière divine ?

Et que dire encore du sexisme – souvent inconscient – auquel nous avons affaire lorsque des hommes parlent de nous et de notre travail dans un contexte professionnel (choses lues et entendues : « jeune-fille », « ravissante », « jolie », « minette », ad lib.), et qui contribue lui aussi à dévaloriser les compétences des unes et des autres ?

Si notre expertise est remise sans arrêt en doute, comment pouvons-nous avoir confiance en nous et en nos compétences ?

Les femmes se reconnaissent rarement comme expertes

J’en reviens à mon sondage Twitter. Proportionnellement, les femmes ont été deux fois plus nombreuses que les hommes à rejeter le terme « expert·e ».

Cette disproportion n’est pas sans rappeler la statistique éloquente citée par Nathalie Pauchet à Paris Web : les femmes ne postulent à une offre d’emploi que si elles ont plus de 90 % des compétences listées, quand les hommes se contentent d’en avoir 60 %.

Syndrôme de l’imposteur
Syndrôme de l’imposteur. L’image est coupée en deux : à gauche, un schéma est intitulé « Syndrôme de l’imposteur ». Il contient un énorme cercle intitulé « Ce que je pense que les autres savent », et contient un cercle beaucoup plus petit intitulé « Ce que je sais ». À droite, un second schéma est intitulé « Réalité ». Il contient un cercle de taille moyenne intitulé « Ce que je sais ». Ce cercle est entouré de sept autres cercles de taille égale, intitulés « Ce que les autres savent ». Illustration de Stéphanie Walter.

En effet, les femmes se reconnaissent rarement comme expertes. Dans mon entourage professionnel, j’ai observé que les hommes sont plus enclins à se présenter comme experts que les femmes.

Par contre, il y a beaucoup plus de femmes qui assurent ne pas être expertes que l’inverse, y compris chez les spécialistes les plus expérimentées que je connaisse.

Suite à ma question sur Twitter, une seule femme s’est affirmée publiquement comme experte : Myriam Jessier. Elle a justifié ce choix en me disant : J’en avais marre de toujours penser que les autres savaient mieux faire les choses que moi alors que ça n’est pas vrai. Donc… experte !. Cette auto-reconnaissance est donc née par réaction à une injustice : ça n’a pas été un réflexe spontané. Cela n’a rien à voir avec le soit-disant orgueil mal placé des personnes se considérant expert·e·s.

Une autre raison de ce rejet par les femmes du mot « experte » est la peur d’être enfermée dans une spécialisation unique, et de passer pour quelqu’un qui ne sait rien faire d’autre, et voyant ainsi des portes supplémentaires se fermer.

Du reste, le fait qu’un grand nombre de femmes perçoivent leurs compétences professionnelles différemment que les hommes trouve ses racines dans le sexisme structurel dans lequel nous avons grandi et continuons d’évoluer.

C’est difficile à combattre, mais pas impossible. Améliorer la visibilité des femmes dans notre milieu est un moyen de le faire ; déconstruire les mécanismes qui favorisent habituellement les hommes dans le milieu tech, aussi. À ce sujet, l’article Pourquoi si peu de femmes dans le numérique ? de Romy Duhem-Verdière apporte un éclairage intéressant.

Enfin, quand bien même les femmes ont confiance en elles et en leur expertise, lourd est le parpaing de la réalité sur la tartelette aux fraises de leur fiche de paye : en 2014, en France, le revenu salarial des femmes était encore inférieur de 24 % à celui des hommes, selon l’INSEE cité par Le Monde. Ces inégalités restent très marquées parmi les cadres et les hauts revenus, c’est-à-dire entre autres dans notre milieu professionnel. Si notre expertise était autant considérée que celles de nos homologues masculins, nous serions payées autant qu’eux.

Dans ce contexte, être une femme et reconnaître sa propre expertise m’apparaît non seulement comme une démarche d’acceptation de soi, mais aussi comme un geste militant.

Pour conclure

On ne naît pas expert·e, on le devient : en pratiquant son métier, en partageant son savoir, mais aussi en s’imposant dans un milieu professionnel encore largement dominé par les hommes.

En tant qu’individu·e·s, mais aussi en tant que communauté, nous devons agir pour que les femmes expertes puissent enfin occuper leur place légitime.

Dans cet article, je me suis concentrée sur la difficulté d’assumer et de faire reconnaître son expertise lorsqu’on est une femme. Mais ce besoin crucial d’égalité et de diversité concerne aussi bien d’autres personnes invisibilisées au sein de notre milieu, notamment les personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes), les personnes en situation de handicap et les personnes racisées.

Je vous renvoie à ce billet d’Ashe Dryden (en anglais) pour en savoir plus.

Merci à Luce Carevic, Lucie Inland, Myriam Jessier, Nathalie Pauchet, Marion Poullain, Laurence Vagner et Stéphanie Walter, ainsi qu’aux relecteurices de 24 jours de web pour leurs retours.

10 commentaires sur cet article

  1. STPo, le lundi 18 décembre 2017 à 09:25

    (J’avais raté l’épisode Espiekermann… quel incroyable connardise, c’est fou.)

  2. Laïla Atrmouh, le lundi 18 décembre 2017 à 10:43

    Merci pour cet article qui fait beaucoup de bien !

  3. Peccadille, le lundi 18 décembre 2017 à 10:45

    Merci Marie pour cet article très important et encourageant, positif comme toujours.
    Je ne bosse pas dans le même milieu mais je partage cette difficulté à assumer et affirmer mes compétences, cet article fait donc écho pour moi.
    Il donne aussi beaucoup d’éléments que je réutiliserai en cours : j’accompagne des étudiants en Lettres dans leur projet pro et je suis souvent confrontée à des étudiantes atteintes du syndrome de l’imposteur (qui sont drôlement surprises et soulagées d’apprendre l’existence du concept !)

  4. Guillaume, le lundi 18 décembre 2017 à 14:11

    Je retiendrai de tout ceci que l’expertise est toujours relative et surtout, toujours limitée… Aussi bien du point de vu du nombre de domaines concernés que de la temporalité. On est pas forcément expert toute sa vie.
    Pour l’acceptation de ce statut, je pense qu’il dépend avant tout de la personne. Quelqu’un qui aime se mettre en avant l’acceptera avec joie. Tandis qu’une personne moins sûre d’elle (mais pas moins compétente… c’est bien souvent le contraire d’ailleurs) va le refuser au vu de tout ce qu’elle est consciente de ne pas savoir.

    Pour le côté « égalité des sexes » je ne comprends toujours pas pourquoi en 2017 on est encore obligé de se battre pour faire comprendre à certains (beaucoup de monde dans certains domaines) que les compétences et l’expertise n’ont ni sexes ni origines ethniques…
    Un expert est un individu possédants les connaissances et les compétences dans un domaine précis.
    Que cet individu soit un homme, une femme, qu’il ait 30 ans d’expérience, ou beaucoup moins, qu’il soit noir, jaune, avec ou sans tentacules ou encore avec 3 yeux… l’expertise est toujours là. (oui, je sais, Cthulhu n’est pas loin…)
    Pardon, je m’emballe…
    En tout cas, merci pour cet article

    En espérant que le nombre d’experts accessibilité ne fasse que croître.

  5. David, le mardi 19 décembre 2017 à 09:31

    Excellent texte sur à la fois l’expertise et sa relativité, et sur la relation aux femmes au niveau professionnels (et sociale) dans le numérique.

  6. Marie Guillaumet, le mercredi 20 décembre 2017 à 10:20

    Merci pour vos retours !

    @STPo : j’aurais pas dit mieux !

    @Laïla : contente que ça t’ait plu !

    @Peccadille : je suis ravie si cet article te donne de la matière pour tes cours. J’ai moi aussi déjà constaté le soulagement (teinté d’un soupçon d’inquiétude) des personnes qui découvrent le concept du syndrôme de l’imposteur. Heureuses celles qui n’en sont pas atteintes et qui ne comprennent pas pourquoi on continue d’en parler.

    @Guillaume : merci pour ton retour ! Je sais, ça paraît fou qu’en 2017, il existe encore des personnes sexistes, misogynes, racistes, validistes ou homophobes. Au quotidien, à nous de ne rien laisser passer, en particulier sur nos lieux de travail où la tendance est souvent au profil bas quand quelqu’un lâche une petite « blague » ou réflexion sexiste/raciste/homophobe/validiste comme si de rien n’était. Ne rien dire dans ces cas-là contribue à la bonne santé de ces préjugés malsains. On a toutes et tous un rôle à jouer pour faire bouger les lignes.

    @David : merci !

  7. Stéphane Bortzmeyer, le mercredi 20 décembre 2017 à 10:57

    Une autre façon de définir l’expert·e, par rapport au/à la « simple » professionnel·le compétent·e, est de dire que la personne compétente sait ce qu’on doit savoir dans le métier (les bons livres, les bons sites Web, les bonnes pratiques…) alors que l’expert·e est cel·ui·le qui sait que ces savoirs courants sont parfois faux, et qu’il ne faut pas toujours tenir compte de ces pratiques partagées. Exemple en réseaux informatiques IP : la personne compétente sait que pour déboguer un problème de connectivité, il faut utiliser ping et traceroute, et iel sait comment les utiliser. L’expert·e sait que ces outils sont parfois trompeurs et qu’il y a des cas où il faut s’en méfier.

    Sinon, j’ai bien aimé la remarque de Guillaume sur le fait que l’expert·e est la personne qui sait que son savoir est limité (dans le domaine, et dans le temps), alors que l’imposteur·e a un avis sur tout.

  8. Aurélie, le mercredi 20 décembre 2017 à 15:41

    Bonjour Marie & merci pour cet article. Bien que je ne sois pas toujours en phase avec ton blog (mais quand même assez souvent en fait…) ton article m’a interpellé, dans le bon sens du terme
    Pour faire écho à ton propos, merci également aux 24 jours du web et tout particulièrement Rémi (hteumeuleu) d’avoir mis davantage en avant les femmes cette année à travers les différents articles des 24 jours du web.

    Pour partager mon expérience, je pense que le gros problème est la confiance en soi, mais je ne sais pas dire si c’est en lien avec la façon dont la femme est considérée. Lorsque je partage une info (je suis intégratrice, donc on va parler d’une astuce CSS par ex.), j’ai l’impression que la personne en face de moi la connait déjà et que je vais passer pour une abrutie qui découvre la vie (la plupart du temps, je suis étonnée de voir qu’en fait, la personne ne connait pas, et du coup j’apprécie d’avoir pu lui faire découvrir une nouvelle astuce)
    Autre expérience : je fais du sport de combat depuis 6 ans et je suis la plus gradée (après l’instructeur évidemment), et lorsque je travaille en binôme avec un homme, j’ai tendance à douter de mes capacités, de ce que je connais comme technique, et limite à partir en méga stress pour rien…!! Mais en fait face à un binôme femme, je vais aussi avoir tendance à douter (mais moins) (c’est le fait de me trouver face à un gars qui me fait douter, même si la personne débute dans le sport de combat… c’est débile !!!)

    Joyeuses fêtes de fin d’année Marie, et encore merci pour ton partage d’expérience

    Aurélie

  9. Stéphane Bortzmeyer, le jeudi 21 décembre 2017 à 09:23

    Lu dans une revue, àl’instant « Laurent Alexandre, expert en Intelligence Artificielle » Alexandre est médecin et ne connait rien à l’IA. Mais il pontifie en effet sur BFM TV à ce sujet. Quand on voit l’usage du terme « expert » par les médias, on se dit que les vrai·e·s expert·e·s vont avoir du mal à faire reconnaitre leur expertise.

  10. Aurélie, le jeudi 21 décembre 2017 à 14:06

    @Stéphane Bortzmeyer, effectivement le terme expert est peut être poussé mais ce n’est pas parce qu’il est médecin qu’il ne peut pas connaitre d’autres sujets en dehors de son métier

    De mon point de vue, on ne pas pas être expert, car connaitre un sujet à fond, c’est impossible, même en cuisine ca évolue tout le temps !