Comment bien sous-titrer les vidéos ?

Selon cet article, 85 % des vidéos sont visionnées sans son. Si jusqu’ici l’usage des sous-titres était réservé aux personnes sourdes et malentendantes qui regardaient les vidéos non sous-titrées sans comprendre, il est devenu indispensable que les sous-titres soient inclus dans la vidéo.

Les sous-titres sont donc devenus un outil incontournable, voire presque obligatoire si vous voulez que votre vidéo soit visionnée. Beaucoup admettent ne pas regarder une vidéo s’il n’y a pas de sous-titres.

Mais le problème est qu’on insère les sous-titres n’importe comment ! On sous-titre n’importe comment dans n’importe quel format, couleur et police. Or, sous-titrer, cela requiert un savoir-faire et des bonnes pratiques à respecter.

Sous-titrage pour sourds et malentendants

Au départ, les sous-titres étaient destinés aux personnes sourdes et malentendantes qu’on appelle des sous-titres pour sourds et malentendants (ou SME). Il existe, en France, une spécificité de sous-titres entourés d’un bandeau noir et régis par les codes-couleurs pour donner une information précise aux spectateurs sourds et malentendants. On sous-titre en :

  • blanc lorsqu’un personnage parle à l’écran,
  • jaune lorsqu’un personnage parle hors champ,
  • rouge pour les indications de bruit,
  • magenta pour les indications musicales,
  • cyan pour les réflexions intérieures ou  commentaires en voix off,
  • vert pour les indications ou retranscriptions de langues étrangères ,
  • et avec un astérisque (*) quand le son provient d’un haut-parleur (télévision, radio, téléphone…)

Ces sous-titres existent lorsqu’on regarde les programmes à la télévision ou au cinéma en version SME ou VFST. Je vous invite à visionner le reportage réalisé par Retour d’Image sur l’adaptation des sous-titres dans un long métrage.

Mais sur internet, la réalité est différente. Pour une raison technique, quand on active les sous-titres sur un lecteur multimédia, les sous-titres respectent la norme anglophone qui ne possède qu’une seule et unique couleur de sous-titres : le blanc avec un bandeau noir. Du coup, les indications sonores se font de cette manière :

[musique jazz]

[porte qui claque]

[rires du public]

[en anglais] Hello World !

♫ Le ciel bleu sur nous peut s’effondrer ♫

N’hésitez pas à utiliser ces indications sonores françaises ou anglophones dans vos sous-titres.

Incrustation des sous-titres

Certaines personnes font le choix d’incruster les sous-titres dans les vidéos et prennent des libertés sur la façon de sous-titrer. Seulement, il est très désagréable de voir des sous-titres trop petits, trop colorés qui font mal aux yeux ou pas assez colorés et incompatibles avec l’arrière-plan. En voici quelques exemples :

Sous-titrage blanc avec un arrière-plan blanc : on ne voit pas les sous-titres.
Sous-titrage rouge en majuscules : on voit à peine les sous-titres et on a l’impression de se faire crier dessus.
Sous-titrage blanc avec une taille de police très petite : on ne peut pas lire les sous-titres. Si on ne veut pas mettre de sous-titres, autant ne pas les mettre !
Sous-titrage blanc avec un fond rouge flashy sur 3 lignes : on n’arrive pas à lire tellement la couleur rouge flashy fait mal aux yeux.
Sous-titrage blanc avec un fond transparent noir sur 4 lignes et qui remplit la moitié de l’écran : on ne voit pas le diaporama derrière et on n’a pas le temps de tout lire.
Cette police est inadaptée pour les personnes dyslexiques, on voit à peine certaines lettres comme les « l », « i » ou « t ». Ces lettres sont trop fines pour être lues.

Je peux montrer plein d’autres exemples qui rendent les sous-titres illisibles et impossibles à lire. N’oubliez pas qu’il existe des personnes qui ont des problèmes de vue, d’autres sont daltoniennes, ou encore dyslexiques.

Le fait est que nous ne pouvons pas nous permettre de faire n’importe quoi avec les sous-titres. Quand vous sous-titrez, posez-vous la question : « est-ce que mes sous-titres sont lisibles pour tout le monde ? ». Ne sous-titrez pas juste parce que c’est joli. Sous-titrez parce que vous voulez que votre message soit lu par et accessible pour un grand nombre.

Pourtant, il existe une seule et unique solution qui convient à tout le monde et à tout type de vidéo.

Un sous-titrage blanc avec un fond noir ou un fond noir transparent avec une police sans empattement et une opacité minimum à 30% :

  • donne une meilleure visibilité pour tous
  • convient à tout contenu de vidéo
  • est adapté aux personnes sourdes atteintes du syndrome d’Usher, dyslexiques ou daltoniennes
Cette image contient des nuages blancs avec un sous-titre blanc mais avec un fond transparent noir pour mieux être visible.

Ce format est respecté et utilisé par tous les lecteurs de vidéos.

En outre, il existe une liste de bonnes pratiques du sous-titrage à respecter et je vous invite à la consulter.

Sous-titrage automatique

D’autres préfèrent utiliser la solution du sous-titrage automatique sauf que ce n’est pas du tout la bonne solution. Le français est une langue complexe avec ses propres règles de conjugaison, de grammaire, d’orthographe. Il existe un nombre infini de mots synonymes ou homonymes. Face à cette complexité, il y a énormément d’erreurs de sous-titres.

Jugez plutôt avec la vidéo sur le sketch des paillettes dans ma vie (activez les sous-titres en cliquant sur l’icône deux barres) :

https://www.youtube.com/watch?v=4g-XbDdTThQ&cc_load_policy=1

Transcription écrite de la vidéo :

« au caire on sort ce soir moi j’adore me douter l’un faut ce que j’ai sur moi tard à 35 euros le départ dans mon copain gros le pantalon 25 euros uniqlo la tablette on n’était pas y’a toujours mes yeux 65 euros et une phrase mal d’eau adibal les quelques sauts papon qui sait quand un maître de pale ale dans ma vie civile c’est qu’est-ce qu’on habite qui vise le des moulures au plafond qui vit on habite dans le froid 6 actuellement kevin tu me dégoûtes kévin m’attendais à beaucoup mieux payet dans ma vie dans ma vie ma veilleure vie j’ai 27 ans teddy éventuellement kévin g27 santé ville j’allais bizarre. »

Comme vous pouvez le constater, c’est totalement incompréhensible. Heureusement, il y a de plus en plus de progrès sur le sous-titrage automatique mais il y a encore du boulot avant de pouvoir l’utiliser complètement et sans aide.

Mais alors comment sous-titrer si on ne peut pas compter sur la reconnaissance vocale – surtout que sous-titrer prend énormément de temps – et synchroniser ?

Il existe une astuce tout simple. Vous avez la possibilité de corriger les sous-titres vous-mêmes. En effet, vous pouvez corriger les fautes de sous-titres effectuées par la reconnaissance vocale.

Sur YouTube, vous avez l’option « Ouvrir l’onglet Transcription » et vous pouvez corriger les sous-titres même si ce n’est pas votre vidéo (sous réserve que l’auteur de la vidéo ait permis cette option).

Sous la vidéo, il y a une icône trois petits points. Cliquez sur cette icône et le menu apparaît. Cliquer sur l’option « Ouvrir l’onglet Transcription ».

Vous pouvez faire de même sur Microsoft Stream et d’autres plateformes.

Ainsi, quand vous mettez en ligne votre vidéo, vérifiez que les sous-titres automatiques sont compréhensibles. S’ils ne le sont pas, corrigez. Cela vous prend très peu de temps puisque vous n’avez rien à faire de plus puisque les sous-titres et la synchronisation des sous-titres sont faits.

Transcription écrite

Si vous n’avez pas la possibilité de mettre des sous-titres ou que vous n’avez pas le temps de synchroniser les sous-titres, n’hésitez pas à mettre à disposition une transcription écrite sous la vidéo ou sous le podcast. C’est une technique toute simple, vous transcrivez le contenu et c’est tout.

J’aimerais que cette technique soit utilisée notamment pour les radios et podcasts car ceux-ci me sont totalement inaccessibles ainsi qu’aux 6 millions de personnes sourdes et malentendantes.

Si votre vidéo ne contient que du texte sans son ou si vous ne parlez qu’en langue des signes dans votre vidéo, mettez également à disposition une transcription écrite pour les personnes aveugles et malvoyantes qui ne peuvent pas voir ce que contient cette vidéo.

Conclusion

En résumé pour que les sous-titres soient parfaits :

  • Sous-titrer soi-même avec des logiciels de sous-titrage (Workshop Subtitles, Aegisub, Video Subtitle Marker). Seul inconvénient, cela prend du temps car il faut sous-titrer ET synchroniser les sous-titres.
    • Ne pas faire de fautes d’orthographe, de grammaire ou de conjugaison.
    • Respecter le format de couleur : blanc avec un fond (transparent) noir.
    • Faire attention à la taille de police et à la police : faire en sorte qu’elles soient lisibles pour tous.
    • Choisir une police sans empattement.
    • Sous-titrer toujours sur deux lignes maximum.
  • Faire sous-titrer par des professionnels de sous-titrage (Authôt, Isos Accessibilité). Evidemment, c’est payant mais la qualité est là.
  • Ne pas utiliser uniquement le sous-titrage automatique et toujours le corriger.
  • Mettre à disposition une transcription écrite si absence de sous-titrage.

4 commentaires sur cet article

  1. Aurélie, le mercredi 4 décembre 2019 à 12:04

    Bonjour Emmanuelle et merci pour cet article très intéressant, je découvre les règles de sous titrage et les bonnes pratiques, je regarderais les sous titres d’une autre façon désormais ! Et super idée de retranscrire à l’écrit sous la vidéo, j’aime beaucoup cette astuce

  2. Emmanuelle Aboaf, le mercredi 4 décembre 2019 à 14:52

    Bonjour Aurélie,

    Merci pour ton message.

    Oui, moi aussi. A défaut de de sous-titrer qui prend trop de temps, faire la transcription écrite est la solution la plus idéale et la plus rapide. ;)

    Emmanuelle.

  3. Sébastien Delorme, le mercredi 4 décembre 2019 à 14:20

    Bonjour Emmanuelle,

    Super article, merci !
    La conclusion fait un parfait mémo à transmettre à toute personne souhaitant sous-titrer une vidéo.

    Je ne sais pas si tu connais, mais j’ai l’habitude de partager cette bible écrite par la BBC :
    https://bbc.github.io/subtitle-guidelines/

    On y retrouve plein de règles et de bonnes pratiques touchant à l’écriture, le découpage, la mise en forme et la diffusion des sous-titres.

    Sébastien.

  4. Emmanuelle Aboaf, le mercredi 4 décembre 2019 à 14:50

    Bonjour Sébastien,

    Merci pour ton commentaire qui m’a fait plaisir. Non je ne connaissais pas ce lien et je le garde en mémoire, merci beaucoup. :)

    Emmanuelle.