Dire au revoir aux GAFAM : journal d’une ancienne instagrammeuse
Plantons un peu le décor
Sur Internet, j’ai eu mille pseudos, tout autant de sites personnels. Il y a quelques années, j’avais un blog qui réunissait de nombreux lecteurs, je racontais ma vie, mes voyages, mes astuces déco et DIY1. Instagram était mon terrain de jeu préféré : prendre le temps de peaufiner le feed (grille de mes publication), retoucher les photos, partager des stories2...
Et pourtant, il y a moins d’un an, j’ai tout quitté, sans regret.
Pourquoi ce retournement de situation ? Les réseaux tels que je les ai connus ont bien changé.
J’ai vu les plateformes se transformer (et pas que par un changement de nom), les publicités et posts3 sponsorisés prendre de plus en plus de place.
J’ai vu les interactions être dirigées par ces réseaux. Vous savez, ce lien qui se maintient que si on a vu et réagi à la bonne story, ou le bon post.
J’ai vu aussi les actualités, les conjonctures politiques, l’intelligence artificielle à tout-va, les données personnelles qui le sont de moins en moins.
J’ai commencé par désinstaller l’application X (anciennement Twitter), pour ne plus être tentée d’un coup d’œil sur les dernières tendances et hashtags4.
Puis j’ai réfléchi à quitter Meta, mais là, c’est une autre histoire, il me fallait un plan.
F comme Meta
Dans GAFAM, il y a un F, comme Meta : le groupe qui détient Facebook, Instagram et WhatsApp.
La dernière fois que j’ai ouvert Facebook, c’était pour changer ma photo de profil il y a quelques années. Mais pour Instagram, c’est une autre histoire. Je ne comptais plus mes heures à scroller5, regarder du contenu, et le plus souvent de comptes que je ne suivais même pas.
Mais par où commencer ?
- Limiter le temps d’utilisation de l’application. J’avais besoin de le réduire drastiquement, c’était devenu un réflexe inconscient de prendre mon téléphone et scroller vers le haut. Dans les paramètres de mon téléphone, j'ai pu mettre en place une limite de 20 puis 10 minutes par jour. Juste pour l'expérience, je vous encourage à tester !
- Faire la liste des comptes qui comptent : ceux qui avaient fini par rentrer dans ma routine des 10 minutes par jour. J’en ai profité pour vérifier si je ne pouvais pas trouver l’information ailleurs (site Internet, autre profil sur les réseaux sociaux, flux RSS…). Pour les autres, j’ai sauvegardé l’URL du compte pour y jeter un œil directement d’un navigateur.
- Faire une sauvegarde. Désactiver son compte, c’est aussi dire adieu à des années d’images partagées, de montages, et de souvenirs.
Après ça, il ne me restait plus qu’à faire la demande de suppression du compte. Pour que ce soit effectif, il fallait attendre 30 jours, le timing parfait pour préparer ma fuite de WhatsApp.
Dire adieu à WhatsApp
Comme beaucoup, vis-à-vis de WhatsApp, j’étais insouciante. C’est pratique, tout le monde est dessus : les amis, la famille. Un mariage, un anniversaire, un verre, on créé un groupe WhatsApp. C’est presque devenu un nom commun, comme Sopalin, Scotch ou Nutella.
Et puis ils ont commencés à mettre de l’IA, il fallait, presque tous les 3 mois, cocher des cases et remplir des formulaires pour avoir la paix. Une date limite était annoncée, je n’avais plus le choix.
Je venais de quitter Facebook et Instagram, j’étais si proche de sortir Meta de ma vie, pourquoi ne pas essayer ?
- En parler autour de moi. « Et toi, tu en penses quoi de WhatsApp ? Signal, tu connais ? »
- Faire le tri. Chaque occasion a son groupe, qui une fois la date passée, il ne vit plus, à part pour les notifications « Pierre Paul Jacques a quitté la conversation ».
- En parler autour de moi. « Et si je quitte WhatsApp, tu me suis ? Je crée un nouveau groupe et je t’invite, tu verras, c’est super simple ».
Je sais, j’ai eu de la chance, je n’avais pas de conversation active pour le boulot, ou avec mes voisins. À force d’en parler, les gens m’ont suivi. Ils n’ont pas quitté WhatsApp, mais j’ai gardé le lien. Si mes parents l’ont fait, alors pourquoi pas toi ?
Oui mais demain ?
Ce que je n’ai pas dit au début de mon article, c’est qu’avant d’initier ma séparation avec Meta, j’ai commencé un gros chantier en avril dernier : me passer de Google.
Je me souviens encore de mon premier pouet sur Mastodon, je ne savais pas par où commencer, je savais que ça serait long, mais j’étais bien naïve sur la quantité de choses à penser. Se passer de Google, c’est se passer de Gmail, de Google Maps, du PlayStore, Google Drive… Il y a déjà trop de Google dans cette phrase. Je ne suis même pas sûre d’y arriver un jour.
- Trouver un nouveau service pour une transition une douceur. Je suis passé chez Infomaniak, avec l’offre payante KSuite + nom de domaine. Si un jour je veux partir de chez eux, je garderai mon adresse.
- Faire du tri. J’ai passé des heures à trier, classer, sauvegarder, supprimer, des années de mails, fichiers et photos stockées. Profiter de chaque mail reçu pour me désinscrire des newsletters. J’ai même fini par me faire un modèle de demande de suppression de compte.
- Changer d’adresse. Déménager, à coté c’est de la rigolade. J’ai fait une première liste à partir de mon gestionnaire de mot de passe. Et puis ensuite, c’est au compte-gouttes : un mail reçu, une tâche administrative à faire, une commande à passer. C’est pour cette étape que je me suis laissé 1 an avant de supprimer définitivement mon compte.
Et voilà, j’en suis là. Plus libre qu’hier, avec encore tellement à accomplir, comprendre, et apprendre. Comme pour une rupture : on se dit qu’on y arrivera jamais, qu’on ne s’en passera pas, que ça restera. Et puis un pas après l’autre, on se reconstruit, on s’adapte, et le temps fait son œuvre.
Et pour la suite, j’y réfléchis encore. J’ai entamé une transition qui a et qui va changer beaucoup de mes habitudes. Je ne suis pas parfaite, loin de là : il me reste une adresse Gmail pour mon utilisation du PlayStore, un Windows pour jouer aux jeux vidéos, et un Google Maps rempli de bonnes adresses. Ces services restent ancrés dans notre quotidien, et c’est un équilibre à trouver.
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